L'apparition d'une baisse de la libido chez un homme de plus de 50 ans fait souvent évoquer un hypogonadisme par déficit en testostérone, surtout lorsqu'elle s'accompagne d'autres signes cliniques évocateurs (Cf Encadré). La correction d'un déficit peut corriger les effets multiples d'un taux insuffisant (On écartera bien sûr les autres causes d'hypogonadisme : maladies systémiques, sida, hémochromatose,
certains médicaments psychotropes, métoclopramide, alcool, drogues,exercice intensif...). La diminution de la libido se manifeste par un manque d'intérêt sexuels ou une réduction dans la fréquence et l'intensité des pensées sexuelles, qu'elles soient spontanées ou provoquées par des stimulations extérieures. Il faut noter que les hommes ayant un déficit en testostérone sont capables d'avoir des érections en réponse à une stimulation extérieure. En revanche, les érections nocturnes sont de moins grandes amplitude et durée (deux
paramètres que restaurent le traitement substitutif). La testostérone ayant un rôle dans la régulation de la NO synthétase, il n'est passurprenant qu'un taux minimal soit nécessaire pour obtenir une rigidité suffisante d'autant que la testostérone agit sur le tissus caverneux, les muscles ischio-caverneux et bulbo-spongieux.
Dosages indispensables
L'hypogonadisme doit être confirmé biologiquement par au moins deux dosages indiquant des concentrations de testostérone plasmatique basses même si la biologie ne permet qu'une approche relative du statut androgénique du patient. En effet, le dosage de la testostérone totale peut être trompeur. Normalement, seul 2% de la testostérone circulante est libre, 60% est liée à la SHBG (Sex Hormone-Binding Globulin) et le reste est lié avec moins d'affinité et l'albumine et d'autres protéines. Quoi qu'il en soit, le dosage initial servira de
référence pour le suivi, dans le cas où un traitement substitutif sera instauré, l'objectif étant alors d'atteindre un taux de testostérone plasmatique entre 2,8 et 10 ng/ml. Le traitement ne devra pas êtreinstauré en cas de cancer de la prostate (ou du sein) suspecté ou avéré, d'adénome prostatique, d'insuffisance hépatique ou cardiaque. Une androgénisation trop importante devra être suspectée devant des signes cliniques tels que : irritabilité, nervosité, prise de poids, érections prolongées ou fréquentes et une adaptation posologique sera
alors nécessaire. Une surveillance sera nécessaire : sein, prostate (PSA et TR), NFS, bilan lipidiques tous les3 mois la première année puis tous les ans.
Biologie normale
La situation est paradoxalement plus complexe lorsque la biologie ne confirme pas l’existence d’un hypogonadisme. L’étiologie d’un trouble du désir sexuel est souvent multifactorielle et nécessite une consultation de couple. Tout en réalisant le bilan sexologique du patient (cf le blog sexo sur www.legeneraliste.fr) il faudra repérer les contre-indications à une thérapie de couple : lorsque le partenaire ayant la baisse de désir n’est pas réellement motivé pour changer les choses (Dans les troubles du désir, même si c’est parfois le partenaire ressentant la baisse qui consulte, c’est souvent pour répondre à l’exigence de l’autre partenaire) ; lorsque le partenairequi ne ressent pas de baisse de libido considère qu’il n’a pas de rôle dans le trouble est refuse de participer au traitement ; si l’un des deux n’est plus vraiment « engagé » dans son couple ; si l’un des deux est engagé dans une aventure extra-conjugale, en cas de trouble psychiatrique de l’un des deux partenaires.
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