Vingt ans, en politique, c’est à peu près le temps qu’il faut pour faire évoluer les mentalités et changer les comportements, disait-on dans les années quatre-vingt, en croyant que le passage à l’an 2000 allait bouleverser l’existence quotidienne de la population, à la faveur des avancées technologiques et de l’élévation du niveau de vie moyen ! Certains prédisaient même, alors, l’effondrement de la Sécurité sociale et de ses fondements issus de la Libération, considérés comme désuets…
Or, que voit-on, en 2010, qui ait fondamentalement évolué au cours des vingt dernières années, dans le système de santé ?
On voit, certes, des avancées médico-scientifiques importantes, avec le décryptage du génome humain et l’avènement des biotechnologiques, des thérapies personnalisées, etc. mais on voit aussi des chercheurs mécontents des moyens qui leur sont alloués et qu’ils jugent constamment insuffisants.
On voit une assurance maladie toujours en déficit chronique et perpétuellement à la limite de l’implosion, qui, pour tenter de subsister, lamine, d’année en année, ses taux de remboursements et le périmètre de ses prestations, et des professionnels de santé déboussolés par un train continu de réformes, sans qu’aucune d’entre elles ne soit véritablement décisive, faute de consensus et de volonté politique suffisante.
On voit des réformes organisationnelles, dans le monde de la santé, qui ne manquent pas de pertinence conceptuelle, mais qui se décident brutalement, à la découverte de mauvais résultats économiques, qui s’épuisent ensuite, peu à peu, face aux résistances culturelles, syndicales, administratives qu’elles rencontrent, et qui changent de cap ou s’éteignent à la faveur de l’inconstance des responsables politiques guidés par le calendrier des échéances électorales.
On voit des institutions qui s’ajoutent les unes aux autres – sauf rares exceptions comme l’Inca, qui participe d’une vraie réforme – et qui donnent le tournis aux acteurs de santé, dont le premier rôle n’est pas de palabrer à l’infini dans une myriade d’instances consultatives.
On voit des financements qui se structurent de plus en plus logiquement – tout en maintenant des curiosités et des régimes spéciaux relevant du Moyen-Âge – mais où il manque toujours vingt centimes pour faire un euro.
Et puis, ô découverte, on voit une loi HPST, qui promet de grands changements, dans l’organisation des soins et des services médico-sociaux, mais dont le principal avantage prévisible est d’abord administratif (gouvernance par des ARS pilotées par l’État) et médico-économique, même si la redistribution démographique des médecins sur le territoire promet d’être un vrai plus pour les patients des départements sous-dotés.
Aujourd’hui, les paris sont ouverts : combien d’années va-t-il falloir, désormais, pour que la loi HPST prenne tout son effet ? Survivra-t-elle à 2012 ? Rendez-vous dans dix ans…
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