Elles ont décidément le vent en poupe ! Grandes favorites des candidats à l’élection présidentielle, les maisons de santé pluridisciplinaires se multiplient à vitesse grande V. La visite de celle de Beure dans le Doubs la semaine dernière par Nicolas Sarkozy reflète une fois encore l’intérêt des politiques pour ces nouvelles structures. Sans doute parce qu’elles constituent « l’avenir de l’offre de soins de premier recours », pour reprendre l’expression de Pierre de Haas, président de la Fédération Française des Maisons et Pôles de Santé (FFMPS), lors du colloque organisé le week-end dernier à Paris. Si ces nouvelles structures semblent bien parties, il leur reste néanmoins d’importants défis à relever.
Généraliser les nouveaux modes de rémunération
À commencer par celui du financement et notamment de la rémunération du temps de coordination entre professionnels. Le sujet est crucial, notamment si l’on veut que ces nouvelles structures apportent un vrai « plus » en matière de santé publique, prévention ou coordination des soins. Apparemment, on est conscient du problème dans les écuries présidentielles. À l’UMP et au PS, par les voix des Drs Philippe Juvin et Claude Pigement, on se prononce pour un système mixte, associant paiement à l’acte et forfaits. L’expérimentation des « nouveaux modes de rémunération » (NMR), qui se termine fin 2013, devrait déboucher sur une généralisation à l’horizon 2014, selon Thomas Wanecq. Le chef de projet NMR à la Direction de la sécurité sociale (DSS) explique que le ministère de la Santé procède actuellement « à l’évaluation de l’apport spécifique des maisons de santé. ». Du côté des syndicats, on se prépare aussi. À la CSMF, on opte plutôt pour une négociation dans un cadre conventionnel afin d’éviter les disparités régionales, tandis qu’à MG France on préférerait un accord-cadre.
Intégrer la Sisa dans 153 sites
Sur la question du statut juridique des maisons de santé, la situation s’est éclaircie avec la parution le 25 mars 2012 du décret Société interprofessionnelle d’exercice ambulatoire (SISA). Les 153 sites bénéficiaires devront s’être transformés en SISA au plus tard avant le 30 juin 2012 pour pouvoir bénéficier de ce statut qui leur permettra de jouer à fond la pluriprofessionalité. Reste les professionnels qui sont actuellement en train de monter un projet. « Les inscriptions sont désormais fermées et la généralisation se fera peut-être à partir de 2014, comment allons-nous faire en attendant ? En résumé, le travail de coordination sera en fait pour notre pomme », s’inquiète le Dr Naïma Bouraki, porteuse d’un projet de maison de santé pluriprofessionnelle à Orléans.
Écrire les protocoles de coopération
La faible diffusion des protocoles par les professionnels de santé est aussi un frein au développement de la pluriprofessionnalité. Seuls 4 protocoles dans le secteur ambulatoire -tous en rapport avec le dispositif Asalée (Action santé libérale en équipe), mis en place dans le département des Deux-Sèvres depuis 2003 avec médecins et infirmières- ont été validés par la Haute Autorité de Santé (HAS). Mais Jean-Luc Pr Jean-Luc Harousseau, président du collège de la HAS, qui intervenait lors de ces rencontres, soutient cette dynamique et espère bien aller plus loin.
Un label pour les logiciels
Enfin, le développement des systèmes d’information compte aussi beaucoup pour les professionnels de santé qui sont demandeurs d’outils informatiques adaptés à la mise en place de protocoles pour la coopération interprofessionnelle. Pour le Dr Jean-Yves Robin, directeur de l’Agence des Systèmes d’Information Partagés de Santé (ASIP), la création d’un label serait nécessaire. « Il faut initier la certification. Cela permettrait aux médecins de mieux s’y retrouver ».
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