BATTU LORS DE l'ÉLECTION pour le renouvellement par tiers des conseillers nationaux du 16 juin dernier (« le Quotidien » du 20 juin), le Dr Michel Ducloux, encore président du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) jusqu'à l'élection d'un nouveau président le 30 juin, ne pourra pas être candidat à sa propre succession. Même s'il avait laissé entendre, ces derniers jours, qu'il ne serait pas candidat à un nouveau mandat de président, cette impossibilité constitue une nouvelle donne pour une institution dont les membres ne goûtent guère l'imprévu.
Une élection de trop.
Pour le Dr Albert Dezetter, qui s'était présenté à l'élection du 16 juin contre le Dr Ducloux, et qui a été élu à sa place au poste de conseiller national de l'Ordre, « le Dr Ducloux n'a en rien démérité. Tout au plus peut-on affirmer qu'il s'agissait d'une élection de trop ». Interrogé par « le Quotidien », le Dr Michel Ducloux ne partage pas ce point de vue : « Cette élection au poste de conseiller national n'était qu'une élection locale. Dans la mesure où j'avais annoncé la couleur sur mon intention de ne pas briguer un nouveau mandat de président, ce résultat n'est pas si surprenant. » Plutôt que de commenter « la guerre de succession » qui a lieu actuellement au Cnom, le Dr Ducloux préfère citer de Gaulle : « Le Général avait coutume de dire qu'après lui, cela ne serait pas le vide, mais le trop-plein. Le plus important, c'est que l'Ordre ne perde pas son crédit dans cette campagne. » Mais Michel Ducloux donne malgré tout un conseil à son successeur : « Il devra continuer à s'intéresser aux jeunes, qui sont l'avenir, et continuer le dialogue avec tout le monde, et notamment avec les conseils départementaux ; la base doit sentir que nous sommes là. »
Dans les conseils départementaux, les commentaires vont bon train : « Personnellement, j'étais contre la candidature de Michel Ducloux au poste de conseiller national, indique un président d'un conseil départemental d'Ile-de-France, car ilvient un moment où il faut savoir passer la main. » Pour ce même président, il y a eu des « magouilles téléguidées depuis Paris pour que Michel Ducloux ne soit pas réélu conseiller national et qu'il ne puisse plus se représenter comme président du Cnom ; actuellement, au Conseil national, c'est comme à OK Corral, on tire à vue. »
Pour un autre président de conseil départemental d'un département du centre de la France, « les deux années de Michel Ducloux à la tête du Cnom, et celle qu'avait effectuée avant lui le Pr Jean Langlois, auront été des années de transition, au cours desquelles l'institution aura été plus spectatrice qu'actrice. Cela a notamment été le cas dans deux très gros dossiers : la permanence des soins et la réforme de l'assurance-maladie. Ce qui me choque au Conseil national, c'est que puissent être élus président des hommes qui ne sont plus en activité, et sont donc coupés de la réalité de l'exercice. Il faut dire que siéger au national constitue une rente de situation. »
Deux généralistes, deux spécialistes.
Quatre candidats, presque officiellement déclarés, restent donc en lice après l'échec du Dr Ducloux. Du côté des spécialistes, on retrouve le Dr Jacques Lucas, cardiologue à Nantes. Conseiller national réélu à ce poste jeudi dernier, il avait été candidat malheureux à la présidence du Cnom lors de l'élection du Dr Ducloux. Considéré comme un « bûcheur », connaissant bien ses dossiers, l'homme était donné favori lors du scrutin de 2003, avant de s'incliner face au Dr Ducloux. Autre spécialiste, le Pr Jacques Roland, radiologue et spécialiste des questions de formation. Il souffre d'un handicap que certains jugent rédhibitoire, celui d'être membre non élu, mais coopté, du Conseil national.
Côté généralistes, le Dr Louis-Jean Calloc'h est l'actuel secrétaire général du Cnom. De nature optimiste, il croit très fort, dit-on, à ses chances de l'emporter. L'échec récent du président Ducloux pourrait cependant l'inquiéter, lui qui a été durant deux ans son plus proche collaborateur. Il y a enfin le Dr Gérard Zeiger, actuel président de l'Ordre de Paris. Souvent décrit comme un progressiste, il n'a pas toujours été en odeur de sainteté au Conseil national où il a longtemps été considéré comme un « trublion ». Vice-président du Cnom sous la présidence de Michel Ducloux, il pourrait obtenir les suffrages de ceux qui pensent que l'heure est venue pour le Cnom de moderniser son discours, tout autant que ses actes. Il pourrait, en revanche, s'aliéner les suffrages des élus de province, pour lesquels il peut apparaître comme très parisien.
Des dossiers chauds.
Quel qu'il soit, le nouveau président trouvera sur son bureau un certain nombre de dossiers chauds. On peut citer parmi eux celui de la permanence des soins dans lequel l'Ordre a parfois donné l'impression de s'arc-bouter sur une vision passéiste de la mission du médecin. Le prochain président aura fort à faire pour réconcilier le point de vue du Cnom et celui des médecins de base.
Autre dossier d'actualité : celui des toutes nouvelles structures régionales de l'Ordre. Celles-ci existent certes déjà sur le papier mais elles sont pour le moment exclusivement disciplinaires. La réforme de ces structures régionales, née de la loi Kouchner, n'attend que ses décrets d'application pour se mettre en route. Selon un président départemental de l'Ordre de la région Ile-de-France, « ces nouveaux conseils régionaux auront également une compétence administrative, ils représenteront mieux les médecins, et pourront contrebalancer le pouvoir central du Cnom ». De quoi mettre du pain sur la planche ordinale.
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