UN TEST diagnostique de la tuberculose à la fois rapide, fiable, spécifique, sensible et peu coûteux : tout le monde l’attend et il pourrait bien voir le jour prochainement. Les travaux d’une équipe du National Institute for Medical Research de Londres viennent en effet d’aboutir à l’identification de quatre biomarqueurs sériques dont le dosage par test ELISA semble permettre l’obtention d’un diagnostic juste dans près de 80 % des cas.
Pour parvenir à ce résultat très encourageant, Agranoff et coll. ont recherché une signature protéique de la tuberculose dans le sérum de malades. Techniquement, cette stratégie nécessitait l’utilisation d’outils permettant la quantification simultanée d’un grand nombre de protéines contenues dans un échantillon biologique. La spectrométrie de masse offrait cette possibilité. Et parmi les différentes méthodes de spectrométrie de masse désormais disponibles, Agranoff et coll. ont choisi d’utiliser celle de type SELDI-TOF (Surface Enhanced Laser Desorption Ionisation Time Of Flight), car elle autorise la détection et l’analyse des protéines minoritaires, normalement masquées par les protéines plus abondantes dans l’extrait à analyser.
Des échantillons de sérum.
Agranoff et coll. ont obtenu le profil SELDI-TOF de 349 échantillons de sérum prélevé chez 179 patients atteints de tuberculose et 170 témoins sains ou atteints de pathologies inflammatoires d’origine infectieuse ou non infectieuse. Chacun des deux groupes de sujets testés comprenait des patients séropositifs pour le VIH.
Le traitement des données de spectrométrie par un logiciel d’analyse spécialisé a permis d’obtenir un algorithme grâce auquel il est possible de différencier les patients atteints de tuberculose des autres patients avec une précision de 94 %, une sensibilité de 93,5 % et une spécificité de 94,9 %. L’origine ethnique et le statut VIH des patients ne semblent pas affecter la précision du diagnostic réalisé par analyse du profil SELDI-TOF du sérum.
Lorsque le diagnostic est réalisé à partir, non plus du profil SELDI-TOF complet des échantillons sériques, mais à partir d’un profil correspondant uniquement aux vingt pics les plus informatifs de l’expérience de spectrométrie, la précision du diagnostic atteint encore 90 %.
Pour aller encore plus loin dans la simplification de la méthode et permettre la mise au point d’un test diagnostique pratique et peu coûteux, ne nécessitant pas l’utilisation d’appareils aussi sophistiqués qu’un spectromètre de masse, Agranoff et coll. ont poursuivi leur travail en testant le pouvoir diagnostique d’un nombre encore plus restreint de biomarqueurs protéiques : en procédant à l’identification des molécules correspondant aux pics les plus informatifs des données spectrométriques, ils ont mis en évidence deux peptides, l’un dérivant de la protéine amyloïde A et l’autre de la transthyrétine, dont la quantification pourrait suffire au diagnostic de la tuberculose. L’hypothèse a été testée avec succès : un test ELISA visant à quantifier ces deux marqueurs et deux autres protéines reflétant un état inflammatoire (la néoptérine et la protéine C réactive) conduit à l’obtention d’un profil protéomique dont la valeur diagnostique est élevée : la méthode a permis un diagnostic correct chez 78 % des sujets de la cohorte test.
A vérifier.
Sachant que les techniques conventionnelles de diagnostic de la tuberculose sont soit rapides, mais imprécises (l’efficacité de l’examen cytobactériologique du crachat n’est que de 50 à 70 %), soit trop longues pour permettre une bonne prise en charge des patients (les tests se fondant sur la mise en culture de M.tuberculosis demandent deux à six semaines), le travail d’Agranoff et coll. semble très prometteur. Reste encore à vérifier l’efficacité, la sensibilité et la spécificité de la méthode décrite ici sur une « vraie » population de malades.
D. Agranoff et coll., « The Lancet » du 14 septembre 2006.
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