De notre correspondant
« Q UAND il a fait irruption dans mon cabinet, avec ses lunettes de soleil, son bonnet de ski et son pistolet, j'ai d'abord cru à une blague », raconte au « Quotidien » le Dr Louis-Marie Turcaud, installé depuis cinq ans dans le quartier du Neuhof, à Strasbourg. Il était 19 heures et les derniers clients étaient partis. Mais, par chance, un ami du médecin se trouvait avec lui dans son cabinet.
« Le type s'est très vite énervé quand je lui ai dit que, médecin référent travaillant essentiellement avec la carte Vitale, je n'avais que 200 F sur moi », poursuit le médecin, qui a alors vraiment cru que l'agresseur, devenu très menaçant, allait ouvrir le feu. « Il a pris ma sacoche et l'a vidée sur le bureau, puis a jeté mon lecteur de carte au sol tout en mettant mon ami en joue, continue le Dr Turcaud qui, à ce moment-là, réussit à saisir le bras de l'agresseur : « Je l'ai poussé et nous sommes tombés sur le lavabo qui s'est cassé, puis nous avons réussi à le plaquer au sol avec mon ami et à appeler la police, arrivée quelques minutes plus tard », termine le médecin.
Outre le lavabo et le lecteur de cartes, les lunettes du médecin et son électrocardiographe, endommagé par l'inondation causée par le bris du lavabo, sont heureusement les seules victimes de cette agression,. Mais le Dr Turcaud n'est pas près d'oublier cette fin de journée mouvementée. Même si le pistolet s'est révélé plus tard n'être qu'un pistolet à gaz, le médecin dit avoir été « vraiment traumatisé ». D'autant qu'il a reçu, ces jours-ci, plusieurs coups de téléphone de proches de l'agresseur, qui lui promettent de lui faire payer l'interpellation et la condamnation.
Insécurité permanente
« Au cours de mes cinq ans à Strasbourg, après vingt ans passés ailleurs, on a déjà brûlé ma moto, fracturé trois fois ma voiture et cambriolé : je n'ai jamais été autant emm... que depuis que j'exerce ici », s'insurge le Dr Turcaud, d'autant plus amer qu'il se consacre à de nombreux programmes d'aide aux habitants les plus démunis du quartier. « Cette situation est anormale et ne peut plus durer », conclut le médecin, qui a décidé d'informer largement sa clientèle et toute la population sur cette affaire, afin de contribuer à obtenir une meilleure sécurisation du quartier, notamment au profit des professionnels de santé, des commerces et des services qui y sont installés.
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