Le dynamisme des biotechnologies

Quarante projets en développement pour Amgen

Publié le 28/06/2004
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DEPUIS sa création, Amgen, leader dans le domaine des biotechnologies, a voulu défendre une indépendance par rapport aux modèles classiques de la pharmacie avec une focalisation sur les pathologies graves. La société a affirmé sa volonté de mettre sur le marché des molécules susceptibles de devenir des références pour traiter des pathologies invalidantes avec le souci de la recherche fondamentale et d'intégrer rapidement au process les données acquises.
Deux questions revenant sans cesse chez les responsables de la société : le produit répond-il à un besoin du marché ? Quels bénéfices le produit peut-il apporter aux médecins eu aux patients ?
Le résultat de cette politique est plus que positif avec un nombre de produits candidats entrés en phase de développement, près de quarante pendant les trois dernières années, qui est supérieur à celui enregistré pendant les dix années précédentes. En 2003, Amgen a obtenu pas moins de 22 autorisations de mise sur le marché au plan mondial.
Bien entendu, l'inflammation est l'un des axes privilégiés de la recherche Amgen, le laboratoire ayant déjà participé au renouvellement du traitement de la polyarthrite rhumatoïde avec deux molécules réputées. La plus récente Kineret étant en phase de développement dans l'arthrose. Toujours dans cette pathologie, Amgen entreprend le développement d'une nouvelle molécule AMG 108 qui est un anticorps monoclonal bloquant l'action de l'IL1 (on sait que cette cytokine semble jouer un rôle dans la destruction articulaire qui caractérise l'arthrose). Toujours dans le domaine de l'inflammation, Amgen explore d'autres voies : un anticorps monoclonal humain dirigé contre l'interleukine 15, un antagoniste de la p38 (l'inhibition de la kinase p38 diminuant l'expression de divers médiateurs de l'inflammation notamment le TNF et l'IL1) et un antagoniste du Baff (B-cell activating factor).
Amgen développe également plusieurs projets dans le domaine des maladies métaboliques et de l'ostéoporose : petites molécules 11 bêta-HSD1 ayant un mécanisme d'action original susceptible de modifier le traitement du diabète de type 2 ; dans l'ostéoporose, un anticorps monoclonal ciblant spécifiquement le facteur Rankl, médiateur essentiel de la phase naturelle de résorption du remodelage osseux.
L'approche d'Amgen s'appuie sur sa capacité à identifier, caractériser et cibler de nouvelles protéines impliquées dans la biologie du cancer. On peut ainsi citer la palifermine, facteur de croissance recombinant humain qui manifeste un effet protecteur sur les cellules épithéliales buccales et intestinales contre les effets de la chimiothérapie et/ou de la radiothérapie. Un produit qui est dans la lignée des produits destinés à lutter contre les anémies induites par les chimiothérapies, le dernier-né de ces produits étant l'Aranesp, un analogue hyperglycosylé de l'Aranesp étant en cours de développement.
La recherche est également active dans le domaine des anticancéreux proprement dits avec le premier anticorps monoclonal entièrement d'origine humaine dirigé contre le récepteur du facteur de croissance épidermique, avec un inhibiteur de l'angiogenèse inhibant sélectivement de multiples kinases, avec la molécule APO2L/Trail, protéine humaine solide impliquée dans la régulation de l'apoptose et enfin un antagoniste du récepteur de l'angiopoïétine.

Hématologie et néphrologie
On sait que les mêmes molécules qui ont marqué le traitement des anémies des cancers ont également contribué à asseoir la notoriété d'Amgen en néphrologie. Le développement clinique d'Aranesp devrait encore accroître cette notoriété. Mais Amgen ne compte pas en rester là. Il a en développement l'alfiméprase, fibrolase modifiée capable de dégrader directement la fibrine, de même qu'une molécule susceptible de traiter spécifiquement le purpura thrombopénique idiopathique et enfin un nouveau calcimimétique actif par voie orale.
Ce dernier médicament a été approuvé par la FDA chez les patients atteints d'hyperparathyroïdie secondaire sous dialyse et chez les patients présentant un cancer des parathyroïdes (Sensipar).

Neurologie : cap sur les pathologies neurodégénératives
Enfin, le programme d'Amgen en neurologie porte essentiellement sur les pathologies neurodégénératives dans le but notamment de découvrir de nouveaux traitements des douleurs d'origine neuropathique ou inflammatoire. Dans ce domaine on attend beaucoup d'un antagoniste du facteur de croissance neurotrophique destiné à traiter les douleurs neuropathiques. Autre piste : celle de petites molécules antagonisant le VR1 ou récepteur vanilloïde de type 1 qui est un récepteur présent dans les nerfs nociceptifs. Enfin Amgen travaille sur le facteur neurotrophique dérivé des cellules gliales, celui-ci étant évalué chez les parkinsoniens dans le cas d'essais de phase II.
Cette liste qui, bien que non exhaustive, ressemble à une liste à la Prévert, montre le dynamisme et l'éclectisme de la R&D d'Amgen.

> Dr ALAIN MARIÉ

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7570