QUE L’ON ne se méprenne pas. Cette exposition, composée en grande majorité d’une multitude de manuscrits, d’imprimés, de journaux, de gravures, de papiers en tout genre, issus de nombreux pays européens du siècle des Lumières, n’est pas pour autant rébarbative. Mise à part une galerie de peintures, qui présente au centre du parcours une vingtaine de petits tableaux remarquables (un joli « Garçon à la chemise ouverte » de Greuze, une voluptueuse « Bacchante » de Fragonard, une vue de Venise par Guardi, le surprenant « Galériens, arrivée en prison » de Magnasco…), ce sont les textes qui triomphent ici, ceux-là même qui ont bouleversé la manière de penser au XVIIIe siècle. Deux manuscrits majeurs trônent d’ailleurs en majesté à l’entrée de l’exposition, comme deux symboles exemplaires des Lumières : l’édition originale du « Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes » (1755) de Rousseau et la partition originale de « Don Giovanni » de Mozart.
Cette manifestation entend rendre l’écho des idées et des dispositions d’esprit qui gouvernaient l’époque des Lumières : la soif de progrès, la liberté et la raison, la souveraineté du peuple, la victoire contre l’obscurantisme, la tolérance… Eclairée, l’exposition se veut également engagée et montre la pérennité des valeurs révélées par le XVIIIe siècle : la laïcité, l’éthique, la science, les libertés. Le parcours est ponctué d’oeuvres de dessinateurs contemporains (Marjane Satrapi, Gotlib, Claire Brétécher, Plantu...) et le hall de sortie, consacré au contexte mondial des Lumières, propose des entretiens avec des personnalités du XXIe siècle, venues de tous les continents.
Six stations.
Le visiteur fera son chemin à travers les six stations consacrées à quelques thèmes précis. « Religion et athéisme », d’abord, une salle qui regroupe entre autres des estampes décrivant les rituels des différents cultes à travers le monde. « Science et éducation », ensuite, où sont exposés des instruments scientifiques, des planches anatomiques, des gravures représentant les expériences de physique et de chimie de l’époque, des ouvrages de psychologie scientifique. Avec « le Monde, un et pluriel », un ensemble de gravures et de dessins raconte les moeurs des indigènes et la vie quotidienne sous d’autres latitudes. Sont également évoqués dans cette salle les voyages imaginaires de Montesquieu (dans ses « Lettres persanes ») et de Gulliver. Diderot et Goethe sont les « héros » de l’espace consacré à « l’Avènement de l’individu », ainsi que l’abbé Prévost avec « Manon Lescaut », Rousseau avec « la Nouvelle Héloïse », Kant avec la « Critique de la faculté de juger ». Les gravures de Paris, de Londres et de Venise illustrent pour leur part la phrase de David Hume : «La ville est la vraie scène de l’homme de lettres.»
La section du « nouvel ordre politique » dévoile enfin un foisonnement de documents développant les idées républicaines des Lumières (pièce d’Olympe de Gouges portant sur l’esclavagisme, lettres à Voltaire de l’impératrice Catherine II, manuscrit « De l’esprit des lois » de Montesquieu…).
Une exposition abondante et diverse, à l’image de l’esprit des Lumières.
« Lumières ! Un héritage pour demain ». Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, quai François-Mauriac, Paris 13e. Tél. 01.53.79.59.59. Jusqu’au 28 mai. Catalogue, 192 p., 44 euros.
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