Paul Castel, président de la conférence des directeurs généraux de CHRU
« La loi HPST accroît les pouvoirs et responsabilités des directeurs d’hôpitaux. Ils prennent aujourd’hui des décisions autrefois collectives et arrêtent le budget… C’est incontestablement plus attrayant. Les directeurs d’ARS sont à la fois des partenaires dans la négociation des contrats et des évaluateurs. Ce n’est pas une difficulté en soi, mais une question à rôder et à évaluer par la commission Fourcade. »
François Paraire du SNMH-FO
« Soumis à la réalisation d’objectifs, le contrat de clinicien hospitalier contredit la déontologie médicale, tout en organisant la précarité des médecins et la concurrence entre praticiens. Il rompt la confraternité entre médecins et ce cadre juridique est contraire à leur indépendance professionnelle. »
Hélène Vidal-Boyer responsable du pôle Ressources humaines à la FHF
« C’est un CDD – ce qui ne permet pas de pérenniser les recrutements – et la procédure, qui concerne des postes figurant dans le contrat d’objectifs et de moyens avec l’ARS, semble très lourde. Ce projet ne semble pas pouvoir répondre aux besoins de recrutements pérennes en CDI, ni aux besoins en recrutements courts pour contrer le mercenariat. »
André Fritz, directeur du CHU de Rennes (35)
« La loi de 2005 avait instillé une nouvelle gouvernance, avec la participation des médecins au pilotage des établissements. La loi HPST donne une nouvelle inflexion à cette tendance. La réforme érige certes le directeur au rang de "patron", mais le directoire inclut une majorité de médecins. Les responsables de pôle devraient jouir de larges délégations de gestion. Néanmoins, j’ai le sentiment que les médecins sont plus demandeurs de possibilités d’organisation des soins dans leurs disciplines. »
Hubert Meunier, directeur de l’hôpital Vinnatier (69)
« La loi HPST va nous contraindre, plus qu’auparavant, à nous montrer solidaires les uns des autres. Ce mode de gouvernance instaure l’interdépendance : le directeur d’hôpital négocie un contrat avec le directeur de l’ARS et dépend de ses chefs de pôle pour le réaliser, sous peine d’être démis de ses fonctions. Même chose pour ces derniers, qui dépendront de l’équipe qu’ils vont constituer. Le débat n’est pas hiérarchique. La question est : comment allons-nous travailler ensemble? »
Dr Bertrand Mas, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital de la Timone-Enfant (13)
« Le contrat de clinicien hospitalier remet profondément en cause l’indépendance des professionnels de santé et choque tous ceux qui ont choisi l’hôpital pour sa mission de service public. En outre, la réforme écarte les médecins de la gestion de l’établissement. Certes, le pouvoir médical entrave parfois les restructurations, mais il n’appartient pas aux praticiens hospitaliers, il est le fait des PUPH et de côté-là… La loi n’a rien changé. »
Jacques Trévisic, pharmacien à l’hôpital Charcot de Caudan (56)
« Le contrat de clinicien hospitalier ne vise qu’à régulariser l’emploi des mercenaires, alors que les PH souhaiteraient rendre leur statut plus attractif pour les jeunes médecins. En fait, la loi HPST a servi de prétexte à un "toilettage" régressif de notre statut, le rendant moins intéressant. Par ailleurs, la place des médecins est extrêmement réduite dans la gouvernance de l’hôpital : ceux qui, nommés par le directeur, siègent au directoire, ne font que donner un avis sur le projet médical, tandis que la commission médicale ne s’occupe plus que de démarche qualité. »
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