LA RECHERCHE pharmaceutique, rappelle le Dr Laurent Perret, président de la recherche et du développement Servier, a longtemps trouvé son inspiration dans l’étude des plantes et des substances d’origine naturelle, qui sont à la source de nombreux médicaments, les plantes ayant parfois plus d’imagination que les chimistes pour fabriquer des molécules qui ont une activité biologique. La diversité chimique de la nature est inégalable, estimée à environ 500 000 plantes, de 5 à 10 % seulement de ces dernières étant actuellement connues et analysées.
De ce constat découle la signature par Servier d’un accord avec l’Institut de chimie des substances naturelles (Icsn), avec un programme de recherches systématiques dans des domaines liés essentiellement à la cancérologie, programme comportant la récolte de plantes et d’extraits de ces plantes, extraits qui sont ensuite testés et purifiés.
Une vétérinaire pas comme les autres.
Ce partenariat inclut la collaboration avec l’équipe de Sabrina Krief, une vétérinaire de 32 ans, qui, avec son mari photographe, a entrepris depuis 1999 des études sur le comportement d’automédication des chimpanzés de Kibale en Ouganda. Ces chimpanzés sauvages de la communauté de Kanawara ont été habitués à être observés par l’équipe du célèbre chercheur américain Richard Wrangham, et ils sont apparus comme une population particulièrement intéressante pour étudier les habitudes d’automédication.
Sabrina Krief a déjà fait plusieurs constats intéressants en suivant de loin les groupes de chimpanzés, et particulièrement les individus malades ou ceux qui avaient un comportement inhabituel, récoltant les feuilles, écorces, tiges, fleurs ou fruits qu’ils consomment.
Certaines de ces pistes sont a priori peu transposables en médecine humaine. Pour se débarrasser des vers, par exemple, les chimpanzés utilisent des feuilles bien rugueuses (aspilia), les enroulent délicatement dans leur bouche et les avalent d’un coup ; hérissée de poils, cette plante qui n’est pas digérée entraîne les parasites hors de l’organisme. D’autres pistes paraissent plus prometteuses, comme cette écorce d’arbre (albizia) que les singes consomment quand ils sont atteints de parasitoses intestinales (deux jours après l’ingestion de l’écorce, les selles de chimpanzés malades ne contiennent plus de parasites). On peut citer également les tiges d’ Acanthus pubescens, qui contiennent des substances antimicrobiennes. Ou encore les feuilles de Trichilia rubescens consommées inhabituellement par les chimpanzés, souvent à des fins préventives, semble-t-il, et dans lesquelles on a mis en évidence des limonoïdes dotés d’une forte activité antipaludique in vitro.
Ces quelques exemples montrent que le méticuleux et patient travail de Sabrina Krief ne doit pas faire sourire.
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