De 15 à 20 % des prescriptions sont réalisées en dehors des indications pour lesquelles le médicament à reçu son autorisation de mise sur le marché (AMM). Certaines d’entre elles sont pourtant encouragées par les autorités sanitaires. C’est le cas pour le Kardégic®, un antiagrégant plaquettaire, qui est le traitement le plus fréquemment prescrit hors AMM par les généralistes.
L’Union régionale des médecins libéraux d’Alsace (URMLA) a décerné le 3 février dernier le prix de meilleure thèse de médecine générale au Dr Marjorie Schlier, de la faculté de Strasbourg. L’Union voit dans son étude qualitative un vrai travail de médecine générale qui, au-delà du seul traitement étudié, pose le problème de la décision individuelle du médecin et de sa perception du bénéfice/risque, et ce alors que les normes et les protocoles ne sont pas forcément adaptés à toutes les situations.
Selon son AMM, le Kardégic® se prescrit en prévention secondaire de troubles cardiovasculaires. Pourtant, les médecins sont nombreux à le prescrire d’emblée aux patients à risque élevé, ce qui les expose à de possibles sanctions. La situation est d’autant plus paradoxale que l’assurance-maladie d’une part et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) d’autre part encouragent les médecins, notamment à travers la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), à prescrire ce traitement aussi en prévention primaire.
Flou administratif
Marjorie Schlier a rencontré les autorités de santé nationales et régionales puis s’est entretenue avec 20 généralistes alsaciens prescrivant le Kardégic® hors AMM pour tenter de comprendre les ressorts de cette situation kafkaïenne. Chaque administration semble avoir sa propre explication à cette incohérence, parfois en contradiction avec celles d’autres organismes publics. Si certains médecins admettent ne pas connaître l’intitulé exact de l’AMM, tous les praticiens qui prescrivent le médicament hors AMM le font parce que l’expérience clinique individuelle et collective, la littérature et l’intérêt du patient le justifient à leurs yeux. Le flou administratif qui entoure le champ de prescription mériterait d’être comblé, estime le Dr Schlier. « Toutes les personnes interrogées ont souhaité une amélioration de la communication et des textes de loi. En attendant, les praticiens assument leur responsabilité et essaient d’offrir un soin adapté à leurs patients », conclut-elle.
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