Le Temps de la Médecine : Habillés pour la santé
Pansements, prothèses, sutures, les textiles à usage médical sont légion. Depuis quelques années, ils répondent à des technologies très innovantes. Les champs opératoires sont imprégnés de produits antibactériens pour réduire le risque nosocomial, les blouses des soignants se sont faites étanches ou absorbantes pour le cas où un produit se renverse ; les bas deviennent hydratants et les collants sont antistress ou amincissants.
Les applications intéressent tous les professionnels qui travaillent dans des conditions extrêmes : plates-formes de forage, haute montagne, armée. La lutte contre le froid en particulier propose des performances étonnantes. Championne sur ce créneau, la marque Damart, et ses fameux sous-vêtements microthermiques à l'enseigne Thermolactyl, continue le combat et s'apprête à commercialiser cet automne la fibre Thermolactyl Evolution, qui réchauffe l'air emmagasiné et optimise la chaleur corporelle.
Il y aussi les Goretex et autres Sympatex, qui équipent les anoraks de membranes étanches et imperméables.
Le couturier précurseur Olivier Lapidus avait aussi mis au point des vêtements antifroid qui ont été adoptés par la fédération internationale de la Croix-Rouge (CICR), avec des fibres conductrices de chaleur qui équipent individus, tentes, couvertures de survie. Des avancées très précieuses en particulier pour les populations de sans-abri après une catastrophe naturelle ou lors d'un conflit.
Une veille urgentiste dans le tee-shirt
Parmi l'ensemble des nouvelles fonctionnalités qui intéressent la médecine, celles qui concernent les vertus communicantes du vêtement ne sont pas les moins prometteuses. L'habit ne se contente plus de protéger, voilà qu'il déclenche l'alerte.
La phase expérimentale de la mise au point du vêtement acteur de télémédecine arrive actuellement à son terme. Après des travaux menés en Finlande et au Danemark par la firme Nokia, en partenariat avec la Croix-Rouge internationale (CICR) et le Croissant-Rouge, les premières commercialisations devraient intervenir à la fin de l'année, annonce au « Quotidien « le Dr Eric Vernes, administrateur principal du CICR, responsable des programmes premiers secours. « Un certain nombre de puces seront disposées soit sur des gants, soit intégrées dans des tee-shirts, précise-t-il. Ces capteurs effectueront toute une série de mesures : électrocardiogrammes, taux de saturation d'oxygène, évaluation du sodium sur la peau, etc... Reliés à des centres de téléassistance ils permettront d'effectuer des diagnostics en temps réels et de déclencher si besoin l'intervention de services d'urgence. »
« Deux populations cibles sont concernées au premier chef, poursuit le Dr Vernes : les personnes potentiellement à risque de pathologies aiguës (cardiaques, diabétiques, personnes âgées), et les professionnels de l'extrême : ouvriers des plates-formes offshore, sapeurs-pompiers, militaires, travailleurs de force et, d'une manière générale, tous ceux qui en raison de leur activité sont soumis à des risques intenses. »
Evidemment, la détection ne présente d'intérêt que si elle est susceptible d'activer des secours. Des centres d'alerte comme les centres 15, 18 ou 112 n'ont de sens que parce qu'ils sont connectés à des systèmes d'intervention opérationnels.
Le téléphone porté
Autres recherches innovantes menées conjointement par le CICR et la firme finlandaise : l'élaboration de programmes d'informations médicales disponibles sur les téléphones portables, lesquels pourront bientôt évoluer vers le nouveau téléphone cellulaire, porté comme une montre, ou un bijou, ou encore incrusté sur le poignet gauche d'un blouson pour que la main droite vienne presser les boutons. « De même que vous disposez de programmes annexes comme des calculettes, explique le Dr Vernes, vous pourrez accéder à un menu urgence santé, qui proposera des textes sur divers sujets : des maux de tête aux douleurs thoraciques, des brûlures aux hémorragies, avec la description des gestes de secours. »
Etape suivante : des minividéos seront proposées sur les versions haut de gamme des portables susceptibles de les lire sur leurs écrans.
Les études de faisabilité technique ont été concluantes. Place maintenant, sous la direction du CICR, à l'élaboration de versions nationales spécifiques. La scandinave est déjà au point, les versions française et espagnole devraient suivre sous peu.
Evidemment, ces technologies nécessitent des investissements lourds. Dans un premier temps, elles limitent les applications à des pays économiquement capables de les supporter. Mais le Dr Vernes espère que, à longue échéance, cette discrimination disparaîtra. « On l'a vu, observe-t-il, avec les grandes applications de la télémédecine satellitaire à l'observation des épidémies en Afrique ou dans les pays en développement. De même avec les expériences de téléconsultation », menées par le MEDES (médecine spatiale du CNES).
A terme, les promoteurs des vêtements communicants assurant la veille sanitaire et urgentiste, tout le monde pourrait se retrouver sur l'accès aux mêmes moyens éducatifs pour gérer son capital santé personnel.
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