ON SAIT qu'il existe plusieurs facteurs liés, d'une part, à l'hôte, et, d'autre part, au germe, qui se combinent et déterminent l'évolution des infections bactériennes. Le travail dirigé par Carlos Hidalgo-Grass (Jérusalem) apporte de nouveaux éléments en découvrant, sur deux souches de streptocoques du groupe A responsables de fasciite nécrosante et de myonécrose, une capacité d'empêcher l'afflux des polynucléaires neutrophiles au site de l'infection. Et, ce qui est encore plus intéressant, ils montrent aussi le potentiel thérapeutique d'un peptide phéromonal bactérien.
Les infections nécrotiques dues au streptococcique du groupe A sont rares, mais lorsqu'elles surviennent elles progressent rapidement, causant une nécrose sévère et une hydrolyse des tissus mous. L'étude traite de deux patients, l'un ayant une fasciite nécrosante et l'autre une myonécrose.
Pauvreté en neutrophiles.
Des analyses histopathologiques des tissus nécrotiques récupérés après débridement ont été réalisées. Elle révèlent de grandes quantités de bactéries, mais aussi une étonnante pauvreté en polynucléaires neutrophiles.
« Nous avons cherché à savoir si une mauvaise chimiotaxie pour les neutrophiles est liée à la capacité des streptocoques du groupe A de dégrader les chimiokines de l'hôte. »
Hidalgo-Grass et coll. ont réalisé des analyses moléculaires, puis travaillé sur un modèle murin d'infections humaines des tissus mous. Et trouvé que les germes produisent une protéase dotée d'une activité trypsine-like, qui inactive l'interleukine 8 et empêche l'afflux intense des leucocytes caractéristique des infections par les streptocoques. L'IL8 est produite par l'hôte pour attirer les polynucléaires vers le site de l'infection.
Les images histologiques chez les souris montrent que les polynucléaires neutrophiles restent en périphérie de l'infection, alors que les germes sont abondants au site de la nécrose.
L'effet thérapeutique d'un petit peptide.
Les auteurs expliquent avoir aussi trouvé que ces streptocoques particulièrement virulents présentent un défaut (mutation faux sens) portant sur un gène codant un petit peptide de signalisation (SilCR). Et que ce peptide SilCR intact exerce une fonction régulatrice d'inhibition de la dégradation de l'IL8.
« En donnant SilCR à des souris infectées par les mêmes streptocoques invasifs que ceux des patients, nous avons observé une restauration de la migration des neutrophiles, ce qui a permis aux souris de se débarrasser de l'infection. »
Les résultats suggèrent donc aussi une voie de recherche d'un traitement à l'aide du peptide régulateur qui fait défaut.
« The Lancet », vol. 363, 28 février 2004, pp. 696-703 et commentaires pp. 672-673.
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