LA FIN DU DEUXIÈME conflit mondial vit s’épanouir en Europe et en Amérique du Nord, sur le plan artistique, une tentative d’exploration de voies plastiques inédites et une volonté d’affranchissement des conventions. Liberté, fougue, désinhibition : ainsi peut-on résumer les nouvelles aspirations des artistes durant les cinq années qui suivirent la Deuxième Guerre mondiale. L’art devait et allait être réinventé, le processus de création réévalué et le rôle de la peinture reconsidéré.
De Rothko à Fautrier, de Willem De Kooning à Poliakoff, de Nicolas de Staël à Bram van Velde, on vit les créateurs laisser libre cours à leur inconscient, stimuler l’expérience gestuelle, faire exploser les couleurs ou mettre fin à la tradition figurative. Cent soixante-quinze uvres sont réunies dans cette exposition, qui forment un parcours sensible et expérimental, mêlant les genres, les écoles, les recherches…
Certains de ces artistes intégrèrent dans leurs uvres les traumatismes hérités du conflit (Jean Fautrier, Olivier Debré…) ; d’autres tentèrent de revenir aux origines de l’art, à une sorte de primitivisme (Robert Motherwell, à New York, Alan Davie à Londres, James Budd Dixon à San Francisco, Jerzy Skarzynski à Cracovie, Jean Dubuffet à Paris, Antoni Tapiès à Barcelone, les membres du groupe CoBrA*…) ; d’autres encore laissèrent libre cours au geste, à la spontanéité (les drippings de Pollock, les uvres impulsives de Hans Hartung, Jean-Paul Riopelle, Antonio Saura…), firent totalement table rase du passé (Lucio Fontana, Barnett Newman, Pierre Soulages…), ou firent danser les formes sur les toiles (Alberto Burri, Arshile Gorky, Barnett Newman, Sam Francis…).
L’intérêt de cette exposition, outre les nombreuses perles qu’elle rassemble, est de réunir sans hiérarchie des artistes célèbres et plus confidentiels, et de faire cohabiter les différents mouvements, aussi hétérogènes fussent-ils. Une enthousiasmante histoire de ce renouveau artistique.
Musée des Beaux-Arts, 20, place des Terreaux, tél. 04.72.10.17.40. Tlj sauf mardi, de 10 à 18 heures (vendredi de 10 h 30 à 18 heures). Entrée : 8 euros (TR 6 euros). Jusqu’au 2 février.
* Mouvement, né en 1948, nommé d’après les villes, Copenhague, Bruxelles et Amsterdam, dont étaient originaires ses fondateurs.
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