Les Journées AIUS/SEXOGYN qui se sont tenus à Marseille les 20 et 21 octobre derniers sont toujours attendues par les sexologues, gynécologues et psychothérapeutes, ayant à traiter de la sexualité et des relations homme-femme dans le quotidien. Cette année, le thème « Maux de femmes d'ici et d'ailleurs » a introduit l’élément culturel et religieux dans la réflexion menée autour de la santé sexuelle des femmes.
« L’objectif de ces journées qui existent depuis fort longtemps, explique Mireille Bonierbale, psychiatre sexologue et responsable de l’organisation, c’est de favoriser les échanges entre les différents intervenants de la santé de la femme et de diffuser les connaissances actualisées dans nos champs. On traite de l'ordre du couple, du vaginisme, la sécheresse vaginale à la ménopause, de manière médicale mais aussi psychique et relationnelle. On y ajoute aussi les faits religieux très actuels dans notre pratique aussi. » Dans l’introduction proposée sur cette question, Gemma Durand, gynécologue et membre de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, rappelle qu’on ne peut faire l’impasse sur la question religieuse lorsque doivent être prises des décisions importantes. « C’est autour des questions posées par le début de la vie - diagnostic anténatal, interruption de grossesse volontaire ou médicale, PMA, congélation, recherche sur les cellules souches - que doivent être analysées les prescriptions apportées par les principaux monothéismes », souligne-t-elle. Et de donner l’exemple d’une femme qui « est ravie à l’annonce de sa troisième grossesse telle qu’elle le désirait. Mais, qui, à 12 semaines d’aménorrhée, doit l’interrompre, devant la probabilité de 1/10 que cet embryon soit porteur d’une anomalie chromosomique. L’obstétricien accepte de la recevoir sans délai. Une fois de plus, tout est allé très vite. Elle interrompt sa grossesse mais à la surprise de l’équipe qui s’occupe d’elle au CHU de Montpellier, cette interruption ne se fait pas comme prévu. Quelque chose n’a pas été envisagée, quelque chose qui empêche la patiente de se plier aux soins proposés. Car, dans la précipitation, la question de la religion n’a pas été abordée ».
La religion pour élaborer la conscience et la décision
Il faut du temps pour analyser la situation et en comprendre tout le sens. « La question éthique, la responsabilité face à ce qui nous dépasse, la nécessité de faire appel à l’éthique du moindre mal, tout cela a besoin de temps. Pour la patiente d’abord : la souffrance ne peut être occultée, ni contournée. Pour le médecin aussi : Il faut prendre le temps de laisser aller la pensée, de laisser s’élaborer la conscience », poursuit le Dr Gemma Durand. Dans cette affaire cette femme avait besoin de trouver ses propres réponses. Dans toute histoire singulière, il y a nécessité à interroger ses propres certitudes et ses convictions. « Dans l’élaboration de sa conscience, Marina C. a eu besoin de la religion. Il est du devoir des soignants d’aider, de soutenir l’élaboration de la conscience, en cela il faut connaître les principaux monothéismes. connaître les préceptes qui aideront les patientes dans le dédale de l’élaboration de leur conscience, dans le labyrinthe de la recherche du bien », estime la gynécologue. Tout ce qui a rapport avec la sexualité peine à se traiter simplement et doit mêler connaissances médicales, connaissances du corps physique et psychique, sociologiques aussi. « Ici à Marseille, c’est classique d’avoir des femmes en consultation, amenées par leurs conjoints qui ne traduisent que ce qu'ils veulent bien traduire, souligne le Dr Mireille Bonierbale. Ce n’est pas toujours commode, en cas de mariage non consommé et de difficultés sexuelles, pour faire des thérapies classiques, de dédramatisation du corps, de réhabilitation de la sensualité. » Ce colloque fait aussi le point sur les diverses demandes en cabinet, la violence dans les couples et l’évolution de la relation amoureuse aujourd’hui.
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