LE TEMPS DE LA MEDECINE
LES GESTES peuvent être involontaires. Ils relèvent de diverses pathologies, identifiées selon la cinétique des mouvements. Classiquement, ils peuvent s'inscrire essentiellement dans le cadre d'une chorée, d'un hémiballisme, d'une athétose, de dystonies ou de tics.
Les mouvements choréiques sont le plus souvent le reflet d'une chorée de Huntington, la célèbre danse de Saint-Guy ou chorée de Sydenham ayant quasiment disparu. Les mouvements choréiques sont brusques, brefs, explosifs, imprévisibles. Ils sont plus ou moins amples et très variables. Calmés par le repos, le sommeil, ils sont augmentés par les émotions. Ils ne reproduisent pas des gestes précis.
En pratique, le patient peut être grimaçant ; ses membres supérieurs sont animés, par exemple, de haussements d'épaule, de projection des segments de membres ; l'anomalie des mouvements donne aux membres inférieurs une marche au caractère sautillant.
Gestes brusques, amples.
Consécutifs, le plus souvent à un AVC, les mouvements balliques, en pratique hémiballiques, se rapprochent de ceux de la chorée. Ils s'en distinguent par leur stéréotypie. Il s'agit, ici aussi, de gestes brusques, amples, du côté opposé à la lésion. Ils entraînent des projections en dehors des membres supérieurs, avec une tendance à l'enroulement. Pathologie assez rare, ils disparaissent généralement en quelques semaines.
Les syndromes athétosiques atteignent essentiellement les membres et la face. Ils peuvent être, entre autres, la conséquence d'un traumatisme ou d'anoxie obstétricale, de lésions cérébrales ou bien encore survenir au cours de la maladie de Wilson ou de la phénylcétonurie... Ici, les membres supérieurs sont animés d'oscillations non rythmées, de faible amplitude, parasitant la gestuelle. Ces mouvements se présentent comme des contorsions lentes, des reptations avec enraidissement. Au niveau de la tête, le visage est victime de grimaces et la langue de mouvements susceptibles de gêner la parole.
La contraction anormale et prolongée des muscles agonistes et antagonistes, avec recrutement de muscles plus ou moins éloignés, qualifie les postures et les mouvements dystoniques. Ils sont déclenchés par la prise d'une attitude. Sans les rapporter tous, parmi les plus « spectaculaires » est décrit le torticolis spasmodique. C'est une contraction des muscles cervicaux entraînant des mouvements d'inclinaison latérale avec rotation, soit de façon lente, soit en saccades.
La crampe des écrivains est l'exemple d'une dystonie de fonction. Elle se traduit par une crispation de la main et des doigts lors d'une tentative d'écriture. La pointe du stylo est appuyée sur le papier, le poignet bloqué. Étonnamment, d'autres activités ne créent pas la dystonie. Violonistes, pianistes, dactylos ont aussi leur propre « crampe ».
Les dystonies peuvent, enfin, être généralisées (dans le cadre d'une affection génétique rare), localisées, segmentaires ou diffuses (dans le cadre d'un tableau neurologique).
Salutations, sauts, génuflexions.
Pour achever ce survol des gestes anormaux : les tics. Ils reproduisent la caricature d'un nombre infini d'actes : haussement d'épaules, acquiescements, salutations, sauts, génuflexions, succions, grimaces... Il s'agit, en fait, de gestes systématisés, intempestifs, conscients mais non volontaires. Ils surviennent de façon capricieuse. Ils peuvent être suspendus par la volonté... momentanément. Lorsqu'ils arrivent au cours de l'enfance ou à l'adolescence, ils sont très souvent passagers... à condition que l'entourage n'en favorise pas la durée en les faisant sans cesse remarquer.
Cette évocation des tics serait incomplète sans parler de la maladie de Gilles de la Tourette. Elle commence dans l'enfance et associe à des tics multiples des tics vocaux souvent coprolaliques. Elle peut engendrer un handicap social.
Sources : I.M.S. Wilkinson, « En bref... neurologie », De Boeck Université ed. ; Roger Gil, « Neurologie pour le praticien », Simep ed.
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