EN ANALYSANT six variants des gènes de l'ADH (alcool déshydrogénase), dans une vaste étude cas-témoins, une équipe internationale dirigée par Paul Brennan (Agence internationale de recherche sur le cancer, Lyon) a pu identifier deux variants – ADH1B et ADH7 – indépendamment et fortement associés aux cancers aérodigestifs supérieurs (VADS) liés à l'alcool. Ces variants sont significativement protecteurs contre ces cancers.
Certaines études ont suggéré que des variations (ou polymorphismes) des gènes codant pour les enzymes métabolisant l'alcool pourraient influencer la susceptibilité aux cancers des VADS liés à l'alcool. L'alcool est principalement métabolisé par l'alcool déshydrogénase (ADH), une enzyme codée par sept gènes distincts.
L'équipe de Paul Brennan, en collaboration avec des chercheurs internationaux, ont génotypé six variants du gène de l'ADH (ADH1B G/A, ADH1B A/T, ADH1C G/A, ADH1C C/T, ADH4 C/T, ADH7 G/C) dans trois études cas-témoins (CE en Europe centrale, ARCAGE en Europe, LA en Amérique latine) portant, au total, sur plus de 3 800 cas de cancers des VADS et 5 200 témoins.
Les chercheurs ont ainsi découvert que les deux variants, rs1229984 (ADH1B) et rs1573496 (ADH7), confèrent une protection significative contre les cancers aérodigestifs, autant dans chaque étude que globalement dans les trois études réunies.
L'effet augmente avec la consommation.
Cette protection ne s'observe que chez les buveurs d'alcool, et se majore avec l'augmentation de la consommation alcoolique. Les deux gènes ont, en outre, un effet protecteur indépendamment l'un de l'autre.
Il se trouve que les individus porteurs des variants protecteurs du gène ADH1B (hétérozygotes G/A et homozygotes A/A) sont connus pour métaboliser l'alcool jusqu'à 100 fois plus rapidement que les homozygotes G/G pour le gène ADH1B. Ce qui laisse penser que l'élimination rapide de l'alcool, en abaissant l'exposition des voies aérodigestives à l'alcool, pourrait être protectrice.
Hashibe et coll. « Nature Genetics », DOI : 10.1038/ng.151.
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