MAINTES FOIS menacés de disparaître mais toujours sauvés par leur célébrité, les archaïques petits wagons de bois des « cable-cars » continuent de gravir vaillamment les rues escarpées de Nob Hill et de Russian Hill. Leur conducteur arc-bouté sur l’énorme levier du frein à main, ils descendent en grinçant jusqu’au terminus de Fisherman’s Wharf, l’ancien port de pêche. Au loin, encore enveloppée dans le brouillard salé du matin, émerge la silhouette rouge-orange du Golden Gate Bridge, le célébrissime pont, emblématique de la ville.
Les cargos venus de tout le Pacifique ont déserté la Porte dorée pour accoster au port d’Oakland. Aujourd’hui, les entrepôts sur les quais de Fisherman’s Wharf et de North Beach ont été transformés en restaurants chics et en centres commerciaux. Jadis fort mal famés, les quartiers des quais avaient une solide réputation de coupe-gorge. C’est à North Beach, le long de l’Embarcadero, de Telegraph Hill jusqu’à Jackson Square, que Jack London avait son quartier général, bien avant que les « clochards célestes » de la « Beat Generation » – Jack Kerouac, Bill Cassidy et Allen Ginsberg – s’y installent.
Promenade romantique.
Devenu le fief calme et branché des galeries d’art et d’architecture, le quartier sert de point de départ pour des excursions dans le San Francisco romantique : Telegraph Hill, Lombard Street, Colombus Avenue, Nob Hill où les belles maisons fin de siècle ont été restaurées avec soin. Dans la ville aux quarante-trois collines où les alignements de gratte-ciel, concentrés presque exclusivement dans le quartier des affaires, figurent parmi les plus beaux d’Amérique du Nord, le modernisme a toujours épargné les belles maisons victoriennes aux couleurs acidulées, serrées dans les rues en pente. Il en reste plus de quatorze mille superbement entretenues.
Bordé de palmiers, Union Square, coeur de la ville, bourdonne d’activité. Là sont concentrés les grands magasins (Macy’s, Saks Fifth Avenue, Neiman Marcus, etc.), les boutiques de luxe, les grands hôtels, les théâtres, les restaurants et les bars.
Aujourd’hui transformé en grand magasin, l’ancien « City of Paris », édifice créé par le Français Verdier, porte sur son fronton la devise de Paris Fluctuat nec mergitur. A proximité s’élève le SF MoMa, l’emblématique musée d’Art moderne qui, comme son homologue new-yorkais, abrite de remarquables collections d’art contemporain.
Tout près de là, c’est China Town, le quartier de la plus importante communauté chinoise hors d’Asie. Seulement séparé d’Union Square par la Dragon Gate, kitchissime et monumentale porte décorée comme un sapin de Noël, la ville chinoise offre un dépaysement total. Sur Grant Avenue, de la salle à manger de l’« Empress of China », considéré comme le meilleur « chinois » de la ville, la vue panoramique sur North Beach, la Coit Tower et le Bay Bridge vaut le coup d’oeil.
Toujours sur Grant Avenue, à quelques blocks de là, c’est le fief de la communauté française qui compte ici plus de 30 000 expatriés. Sur Bush Street, on lit la presse française en prenant son petit déjeuner au « Café de la presse ». Ou on dîne dans un vrai bistrot parisien au « Central », au « Café Claude » ou au « Café Bastille ». Le consulat de France voisine avec l’église Notre-Dame-des-Victoires, la chambre de commerce franco-américaine avec une filiale de la BNP et l’Alliance française.
Au bout de Market Street, les collines de Haight Ashbury aux pentes bordées de vieilles maisons victoriennes colorées – point de ralliement des hippies du « flower power » dans les années 1960 – attirent toujours les nostalgiques avec leurs boutiques de colifichets indianisants et de posters psychédéliques.
Sur Fisherman’s Wharf et ses centaines de boutiques, de restaurants et de bars, on flâne jusqu’au Pier 39 dans la brise fraîche et les multiples effluves venus de l’Océan pour contempler les énormes lions de mer et les otaries moustachues qui se dorent au soleil tout en se disputant bruyamment les places sur les passerelles de bois au pied des quais, et déguster les spécialités locales, soupes de clams ou crabes déclinées à toutes les sauces.
Tel un phénix.
Face au Northern Waterfront, le gros rocher sinistre d’Alcatraz n’est qu’à quelques encablures des quais. Fort militaire commandant l’entrée dans la baie avant de devenir jusqu’en 1963 pénitencier fédéral, l’île a longtemps été considérée comme la prison la plus sûre des Etats-Unis. Elle ne connut, affirme-t-on, qu’une seule évasion réussie : en 1962, un certain Frank Morris quitta l’île à la nage et ne fut jamais retrouvé. Aujourd’hui, l’île est devenue une attraction majeure très prisée des touristes.
Suspendu entre ciel et eaux, le pont rouge-orangé du Golden Gate qui ferme la baie à l’ouest s’étale sur 2 727 mètres en une courbe gracieuse souvent à demi-voilée par les brumes.
Entre Haight-Ashbury et le Pacifique, le Golden Gate Park s’étend sur 410 hectares de forêts et de pelouses fleuries, méticuleusement entretenues.
Autrefois couvert de dunes, le site du parc fut transformé par un paysagiste écossais, John McLaren, qui y consacra la moitié de sa vie à la fin du XIXe siècle.
Outre le remarquable Asian Art Museum et ses collections de milliers d’objets rarissimes, céramiques, bronzes, pièces de jade, etc., dont le plus ancien bouddha chinois connu, le Golden Gate Park abrite les nouveaux bâtiments du De Young Memorial Museum. Rasé après le tremblement de terre de 1989 qui l’avait sérieusement endommagé, l’ancien musée a été redessiné par les architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron, à qui l’on doit la Tate Modern de Londres. Habillé de cuivre dont la couleur verdâtre se fond avec la végétation du parc, le nouveau musée, surmonté d’une tour de neuf étages, offrant une vue de 360 degrés sur la ville et la baie, expose depuis l’automne dernier la très belle et rare collection de peintures américaines du XVIIe au XIXe siècle où l’on peut admirer des toiles de Copley, Peal, Catlin, Homer et Sargent, entre autres.
En célébrant cette année le centenaire du terrible tremblement de terre de 1906, la ville dorée, dont un phénix orne le blason, n’oublie pas qu’elle a su renaître de ses cendres. Vers 5 heures du matin, le 18 avril 1906, San Francisco, située sur la ligne de faille du Pacifique, fut presque entièrement dévastée par le séisme et les incendies qui, trois jours durant, ravagèrent des quartiers entiers.
Pour partir
TRANSPORTS
Vols directs Air France, à partir de 591 euros A/R en classe Eco/Tempo (11 h 40 de vol aller et 11 heures au retour). Renseignements : Air France, tél. 36.54 et www.airfrance.fr.
FORMALITES
Nouveau passeport biométrique ou passeport à lecture optique en cours de validité (délivré avant le 26 octobre). Pour les anciens passeports, visa obligatoire délivré par le consulat des Etats-Unis.
HORAIRES
9 heures par rapport à la France.
MONNAIE
1 dollar US = 0,79 euro.
HOTELS
– The Argent Hotel, 50 Third Street, San Francisco, CA 94103. Tél. 415.974.6400
Au coeur de la ville, près d’Union Square, du MoMa et des grands magasins. Chambre à partir de 199 dollars.
– Argonaut Hotel, Fisherman’s Wharf, 495 Jefferson Street, San Francisco 94109. Tél. 415.563.0800 et wwwargonauthotel.com. Ambiance musée maritime et décoration originale des jolies chambres, avec vue sur la baie. Dégustation de vins californiens. Chambre à partir de 169 dollars.
RESTAURANTS
– Scoma’s Restaurant
Pier 47, Fisherman’s Wharf, San Francisco. Tél. 415.771.4383 et www.scomas.com.
– Grand Café/Hotel Monaco,
501 Geary Street at Taylor,
San Francisco CA 94102. Tél. 415 292-8161 et fabrice.roux@grandcafe-sf.com.
A deux pas d’Union Square, une superbe brasserie Art nouveau et Art déco dirigée par l’excellent chef français Fabrice Roux.
– Restaurant Santi, 21047 Geyserville Ave, Geyserville CA 95441. Tél. 707.857.1790 et tavernasanti.com.
– The Inn at the Tides, 800 Highway 1, Bodega Bay CA 94923. Tél. 707.875.2751. Sur la baie et le port de pêche, d’excellents plateaux de fruits de mer.
SEJOURS
Jetset Equinoxiales propose des forfaits et des circuits, comme un séjour à l’hôtel Argent, de 6 jours, à partir de 1 095 euros Paris/Paris, comprenant les vols A/R, les transferts en navette, 4 nuits à l’hôtel, un city pass pour le cable-car, une croisière dans la baie et l’accès aux musées d’Art moderne et d’Art asiatique (taxes aériennes et surcharge fuel en sus : 240 euros environ) ; un circuit au volant, « La Californie essentielle », au départ de Los Angeles, avec étape à San Francisco, de 9 jours/7 nuits, à partir de 970 euros Paris/Paris par personne, base double, comprenant les vols A/R, la location d’une voiture en formule Gold et 7 nuits d’hôtel.
Taxes aérienne et surcharge fuel en sus ; et un circuit accompagné, « L’essentiel de l’Ouest », de 12 jours/10 nuits en demi-pension ou en pension complète de Los Angeles à San Francisco, à partir de 1 360 euros Paris/Paris. Taxes aériennes et surcharge en sus.
RENSEIGNEMENTS
– Consulat des Etats-Unis, 2, rue Saint-Florentin, 75001 Paris. Tél. 0.836.70.14.88. Minitel : 3617 VISA USA et www.amb-usa.fr.
– San Francisco Convention&
Visitors Bureau (France) Cellet. Tél. 01.53.77.13.44/01.53.77.13.43 et info@cellet.fr.
– Jetset Equinoxiales. Tél. 01.53.67.13.00 et www.jetset.to.
A faire/à voir
– Les collections d’arts africain, amérindien et océanique, ainsi qu’une collection unique de peintures américaines du XVIIe au XXe siècle, dans les nouveaux bâtiments du musée des Beaux-Arts De Young,
50 Hagiwara Tea Garden Drive, Golden Gate Park (www.thinker.org).
– Le SF MoMa qui abrite de remarquables collections d’arts moderne et contemporain.
– Le quartier Haight Street et Ashbury et ses belles maisons victoriennes, ancien fief de le contre-culture beatnik, puis hippie.
– La visite de l’ancienne prison d’Alcatraz avec le service de ferry entre Fisherman’s Wharf et l’île,
de 9 heures à 17 heures. Prix : 2 dollars, gratuit pour les moins de 12 ans (www.alcatrazcruises.com).
– Les parcs du Presidio et du Golden Gate.
– Sur l’Embarcadero, le spectacle du Teatro ZinZanni. Une soirée-dîner-spectacle dépaysante très « Vie parisienne » sous un chapiteau centenaire. On y retrouve la danseuse et actrice française Liliane Montevecchi qui tourna dans les années 1960.
– Le San Francisco « CityPass », valable une semaine, permet d’utiliser sans limitation tous les bus de la ville, ainsi que les « light-trains » et les « cable-cars » et donne accès à six attractions : le musée d’Art asiatique, le musée d’Art moderne (SF MoMa), l’Exploratorium, le Legion of Honor et le De Young Museum, ainsi qu’une croisière au choix soit sur l’île d’Alcatraz, soit dans la baie avec passage sous le Golden Gate bridge. Prix adulte : 42 dollars, enfant (de 5 à 17 ans) : 34 dollars (www.citypass.com).
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