E N 1972, Margrethe, 32 ans, épouse d'Henri de Montpezat, est devenue reine du Danemark. Elle est très populaire, comme l'ont montré l'an dernier les fêtes organisées pour son soixantième anniversaire. Mais ce n'est pas forcément pour le bien des sujets de cette monarchie constitutionnelle, si l'on suit le Pr Hugo Kesteloot, professeur d'épidémiologie à l'université de Louvain, en Belgique.
Les Danois n'ont pas à se plaindre, explique-t-il dans le « Lancet » du 17 mars : ils ont le revenu moyen le plus haut de l'Union européenne, un excellent système éducatif, une couverture médicale élargie pour tous et un haut niveau de soins médicaux ; et le statut social des femmes est parmi les plus élevés au monde.
Pourtant, les Danoises ne sont pas bien placées en matière de mortalité. Elles sont très loin derrière les Japonaises, championnes de la mortalité la plus basse, respectivement 39e pour les 55-64 ans et 35e pour les 65-74 ans, parmi les femmes de 50 pays industrialisés. Elles sont aussi celles dont la mortalité a cessé de baisser après 1978, avec même une légère augmentation, alors que, dans les autres pays européens, cette diminution commencée au début des années soixante-dix s'est poursuivie au moins jusqu'en 1995 ; en 1996, la mortalité des Danoises était supérieure de 48 % à la moyenne européenne alors qu'elle lui était inférieure jusqu'en 1974.
C'est que les Danoises sont de grandes consommatrices de cigarettes : on recense au Danemark 33 % de fumeuses (parmi les femmes de plus de 15 ans), un record européen, la moyenne se situant à 23 %. Et entre 35 et 64 ans, elles sont 45 % à fumer.
La reine fait partie de cette catégorie et c'est en comparant la date de son arrivée sur le trône (1972) avec celle de l'arrêt de la baisse de la mortalité féminine (1978), que le Pr Kesteloot s'est dit que son influence devait jouer, d'autant qu'on la voit souvent fumer en public. Bien sûr, ce n'est qu'une hypothèse. Seul moyen de la vérifier, selon l'épidémiologiste : que Margrethe arrête de fumer. Ce serait la première fois que l'influence d'une seule personne sur la santé de toute une population serait démontrée !
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