Douleur et fonction

Quand la perte de poids fait la différence

Publié le 18/09/2014
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Des études antérieures ont établi que la perte de poids permet de réduire la douleur et le handicap fonctionnel liés à l’arthrose du genou. Mais l’impact de l’amplitude de cette perte de poids sur l’amélioration symptomatique n’avait jusqu’alors pas été étudié.

C’est donc dans cet objectif qu’une équipe australienne a réalisé une étude sur près de 1 400 patients souffrant d’une arthrose du genou qui participaient à un programme de perte de poids intitulé « Healthy weight for life ». Ce programme de 18 semaines, inclut systématiquement des mesures diététiques intensives visant une perte comprise entre 7 et 10 % du poids corporel. Il comprend des instructions écrites, un suivi par internet et des entretiens téléphoniques motivationnels. Quelque 1 383 patients, majoritairement des femmes, (71 %) ont été inclus dans cette étude qui comportait une mesure du poids et du score Knee injury and osteoarthritis outcome score (KOOS) à l’inclusion, puis à 6 et 18 semaines. Les sujets étaient âgés en moyenne de 64 ans, leur taille moyenne était de 1,66 m et leur poids moyen de 95 kg. Plus de huit patients sur dix étaient obèses à l’inclusion ; l’Indice de masse corporel (IMC) moyen dans la cohorte était de 34,4 kg/m2. À l’inclusion, les scores douloureux et fonctionnels KOOS étaient en moyenne de 56,3 et de 59,5 respectivement.

Au terme des 18 semaines de suivi, 94,2 % des patients avaient perdu plus de 2,5 % de leur poids initial. Cette perte de poids était comprise entre 2,6 et 5 % dans 16,1 % des cas, entre 5,1 et 7,5 % dans 24 % des cas, entre 7,6 et 10 % dans 22,9 % des cas, et de plus de 10 % chez près d’un tiers des patients (31,2 %). Les auteurs n’ont pas retrouvé de différence entre les groupes de perte de poids en termes d’âge, de sexe ou de score KOOS à l’inclusion. Ils ont par contre mis en évidence une forte relation dose-réponse entre la perte de poids obtenue et l’amélioration des scores de douleur et fonctionnel.

Il s’agit d’une étude ouverte, avec donc ses limites, mais elle confirme ce qui était soupçonné : plus la perte de poids est importante, plus l’amélioration de la douleur et du handicap l’est aussi. Les scores se sont améliorés de 40 % environ chez les sujets ayant perdu plus de 10 % de leur poids corporel.

Ceci corrobore les observations faites chez les patients ayant une perte de poids marquée après chirurgie bariatrique par exemple, alors que l’impact est bien moindre en cas d’amaigrissement modéré. Ainsi, nous disposons aujourd’hui de plus en plus d’arguments plaidant en faveur d’une perte de poids importante pour espérer un impact sur les symptômes de la gonarthrose. En pratique, la présence d’une gonarthrose chez un sujet ayant une obésité morbide doit être prise en compte dans la discussion d’une chirurgie bariatrique.

D’après un entretien avec le Pr Pascal Richette, hôpital Lariboisière, Paris

(*) Atukorala I. et al.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Congrès spécialiste