Saviez-vous que tous les bébés du monde ne pleurent pas de la même façon à la naissance ? Bercés par la musique de la « langue maternelle » pendant 9 mois, ils pleurent naturellement plutôt dans les graves ou dans les aigus, selon qu’ils sont nés en Allemagne ou en France. Si petit et déjà de la musique gravée dans les microsillons du cerveau. Pourquoi un tel enregistrement ? Parce que la musique véhicule, suscite et réveille de l’émotion. La première langue natale est émotion. Et inversement.
« De la musique avant toute chose », disait Verlaine pour dire autrement, « De l’émotion avant toute chose ». L’émotion a un rôle central dans tous les apprentissages et le développement des différentes formes d’intelligence. Et si la musique fascine autant c’est qu’elle est loin de n’être qu’un simple plaisir sensoriel (ce qui est déjà beaucoup en soi). La musique, c’est d’abord un cerveau, une mémoire, une « âme » (ne dit-on pas qu’un air nous touche au plus profond de notre âme), et finalement au fond « une affaire de personnalité ». Si l’émotion musicale est déclenchée par « les changements d’énergie sonore » et « l’effet de surprise », les chercheurs ont identifié un trait de personnalité prédisposant à une plus grande sensibilité musicale, « l’ouverture d’esprit ».
Un enchevêtrement de réseaux neuronaux
Cerveau et musique, les liens ne cessent de nous questionner. Et les éclairages de l’imagerie fonctionnelle, loin d’entamer la fascination, ne font que complexifier le raisonnement. Ainsi, « il n’existe pas "un centre de la musique" unique mais des réseaux dispersés conjointement impliqués ». L’intelligence musicale ou « intelligence de l’indicible » comme l’ont ainsi nommée Maïté Sauvet et Laure Leter, met en jeu un grand nombre d’aires cérébrales.
D’où des bizarreries neurologiques, comme celles que relate l’article d’après les récits du neurologue Oliver Sacks : « un chirurgien frappé par la foudre qui devient mélomane et pianiste à 40 ans aux rares sujets amusiques pour qui la plus belle des musiques n’est que le bruit des casseroles, en passant par les amnésiques, chez qui la musique fait ressurgir des souvenirs. » Ou encore ce patient mutique des suites d’un accident vasculaire cérébral qui s’est mis à accompagner le neurologue, qui lui tenait la main en chantonnant. Le plus terrible est peut-être l’histoire de ce chef d’orchestre victime d’un AVC avec amusie, heureusement résolutif.
Rééducation, bien-être et longévité
- la musique pour améliorer la négligence visuelle après un AVC
- la musique pour améliorer la marche chez les Parkinsoniens ou des sujets âgés.
- l’ expérience du Dr Lemarquis avec les patients atteints d’Alzheime
- rien de tel qu’un peu de musique avant un examen médical (voir le Quotidien daté du 15/04/2009)
- le Dr Christine Lacombe-Mestas, alias la psy qui chante, a offert un baopao à l’hôpital San Salvadour de Hyères pour redonner le sourire aux handicapés
- le Dr Lemarquis consacre un chapitre aux effets thérapeutiques de la musique dans son livre « Sérénade pour un cerveau musicien »
- de la musique sur ordonnance dans un hôpital lillois qui propose à ses patients des precsriptions musicales pour rompre avec la monotonie des soins
Malgré ses innombrables vertus, il n’empêche que la musique ne protège pas de la maladie. Les plus grands compositeurs ont parfois été de grands malades, à l’instar de Beethoven sourd, alcoolique et mort d’insuffisance cardiaque. Elle peut même en être la cause, comme chez les musiciens exposés atteints d’acouphènes, d’hyperacousie puis de surdité, ou simplement chez les mélomanes férus de MP3, atteints de surdité temporaire et plus enclins aux accidents de la route. Mais pour finir, il reste que, si l’âge des compositeurs varie grandement, la musique empêcherait de vieillir. En jouant sur la plasticité cérébrale, elle compenserait les effets de l’âge sur les centres auditifs cérébraux.
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