POUR LA PREMIÈRE FOIS, des chercheurs ont réussi à fabriquer des précurseurs de spermatogonies humaines à partir de cellules somatiques, en l'occurrence des cellules souches de la moelle osseuse.
Cette prouesse technique, qui pourrait ouvrir de nouvelles voies de recherche dans le traitement de l'infertilité masculine, fait suite à une série de travaux menés dans le modèle expérimental de la souris.
Depuis 2003, les publications présentant des méthodes qui permettent de dériver des gamètes à partir de cellules souches murines se sont en effet multipliées. Dans la majorité d'entre elles, les cellules souches utilisées sont des cellules souches embryonnaires. En conséquence, il n'était pas envisageable de tester de telles méthodes chez l'humain. Cependant, en juillet dernier, Karim Nayernia et coll. de l'université de Göttingen (Allemagne) sont parvenus à dériver des spermatogonies à partir de cellules souches somatiques isolées de la moelle osseuse de souris.
Forte de ce succès, l'équipe allemande a tenté de reproduire l'expérience en partant de cellules humaines. Les chercheurs ont utilisé des échantillons de moelle prélevés à des volontaires sains. Les cellules souches pluripotentes contenues dans ce tissu ont été isolées invitro, puis cultivées dans des conditions favorisant leur différenciation en cellules germinales. Les cultures ont rapidement présenté des cellules exprimant des marqueurs spécifiques des spermatogonies. Nayernia et coll. n'ont pas poursuivi l'expérience plus en avant, et il est donc impossible d'affirmer que ces cellules sont aptes à achever leur différenciation pour donner des spermatozoïdes matures et fonctionnels.
Cependant, les données jusqu'ici obtenues chez la souris laissent imaginer que tel est certainement le cas. Pour mémoire, Nayernia et coll. ont déjà démontré qu'il est possible de produire des gamètes matures et fonctionnels en transplantant dans un testicule de souris des spermatogonies murines conçues invitro. L'été dernier, cette équipe est même parvenue à donner naissance à des souriceaux viables et sains en utilisant ces gamètes mâles produites en laboratoire.
Karim Nayernia estime que trois à cinq ans de travaux seront nécessaires pour parvenir à affiner la technique présentée aujourd'hui et obtenir des spermatozoïdes humains fonctionnels à partir de cellules souches de moelle osseuse.
Au cours de ces développements, le chercheur espère en outre découvrir de nouveaux aspects des mécanismes de la spermatogenèse.
Nayernia K et coll. « Reproduction : Gamete Biology » du 13 avril 2007.
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