LE TEMPS DE LA MEDECINE
« Lorsqu'il survient de façon pathologique, le rire n'est pas associé à la manifestation d'un plaisir. Il est alors souvent inapproprié, n'est pas soumis à un contrôle conscient. Le médecin le reconnaît par son côté discordant, parce qu'il s'inscrit dans un syndrome. Ce rire n'apparaît pas comme normal », explique le Dr Henri Rubinstein (hôpital Saint-Joseph, Paris).
Les rires pathologiques peuvent avoir deux origines : neurologique ou psychiatrique. Du point de vue neurologique, quoique très rare, l'épilepsie gélastique est citée en premier. Dans cette variété d'épilepsie temporale, le patient est soumis à des accès de rire sans motif apparent. Décrit comme triste, creux et faux, ce rire est suivi d'une crise d'épilepsie du type grand mal avec chute et perte de connaissance. Rire est l'équivalent d'un prodrome.
Un rire mécanique, associé à une aura et à la perception d'une odeur anormale, accompagne les épilepsies dues à une tumeur cérébrale débutant au lobe temporal. Dans cette situation, il n'y pas de perte de connaissance secondaire.
La sclérose latérale amyotrophique et les scléroses en plaques connaissent aussi leur rire pathologique. « Il entre alors plutôt dans le cadre des troubles du comportement et de l'humeur »,précise le Dr Rubinstein. On peut ajouter à ces affections le rire et le pleurer spasmodiques des atteintes pseudo-bulbaires ou des syndromes frontaux.
L'Alzheimer débutant
Au stade de début, le sujet atteint de maladie d'Alzheimer peut rire de façon inappropriée. « Comme dans un déni de la réalité, les patients ne semblent souvent pas prendre leur pathologie au sérieux. Ils rient de leur trouble. Il s'y associe fréquemment, à un stade de début de l'affection, une propension aux plaisanteries stupides. »
D'un point de vue psychiatrique, le Dr Rubinstein rapporte essentiellement deux pathologies. La schizophrénie, où le rire discordant, explosif, stéréotypé s'inscrit dans le cadre de la dissociation de la personnalité ; la phase maniaque d'un trouble bipolaire, où les éclats de rire peuvent se traduire comme le symptôme d'une agression vis-à-vis d'autrui.
Reste un rire inapproprié mais non pathologique que rapporte Henri Rubinstein, celui du patient mal à l'aise en consultation. Angoissé ou en situation de déni, le patient face à son médecin réagit par un rire assimilé à « un réflexe protecteur, tant d'un point de vue psychologique que physique ».
Existe-t-il des affections neurologiques ou psychiatriques empêchant le rire ? Le Dr Rubinstein avoue ne pas en connaître. Sauf la dépression, dans laquelle, si l'on se réfère à la théorie biochimique, le manque de sérotonine et de dopamine pourrait avoir une influence négative sur le désir de rire.
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