LA DOULEUR est la résultante de mécanismes biochimiques et physiologiques complexes, déclenchés par une situation agressive ou reconnue comme telle par l'organisme. Elle correspond à une menace, et est, de ce fait, liée à la peur. La plainte douloureuse dépend du niveau de la peur éprouvée par le patient, en relation avec la représentation mentale du stimulus. Ainsi, une barre métallique refroidie à - 25 degrés, posée sur la nuque d'un volontaire, provoque une douleur beaucoup plus intense si le sujet pense qu'il s'agit d'une barre très chaude, considérée comme plus dangereuse.
Le stimulus n'est donc pas le seul déterminant du niveau de douleur.
Le catastrophisme.
Le catastrophisme, c'est-à-dire la focalisation exclusive sur les aspects négatifs de la douleur, est un autre élément déterminant de la sensation douloureuse. Les patients tournés vers le catastrophisme contrôlent moins bien la douleur.
Plus la peur de la douleur augmente, plus le niveau de vigilance s'accroît, renforçant les mécanismes d'évitement. Les situations considérées dangereuses sont écartées. À l'extrême, la crainte de la paralysie peut aboutir à la kinésiophobie (peur du mouvement).
Inversement, il existe un comportement d'adaptation : lorsque la peur diminue, la douleur est mise à distance, la récupération est plus rapide et plus complète.
La prise en charge cognitivo-comportementale de la douleur comprend plusieurs aspects : le patient doit comprendre la nécessité de conserver son activité sans trop attacher d'importance à sa douleur, les conduites d'évitement entretenant les craintes. Ensuite, le thérapeute et le patient doivent définir clairement les buts du traitement, l'objectif fonctionnel à atteindre, puis hiérarchiser les craintes les plus inhibantes, afin de les prendre en charge prioritairement. Enfin, le traitement est mis en place ; il comprend principalement la technique de l'exposition in vivo: le patient est placé face à ses situations de peur, progressivement selon un calendrier défini avec le thérapeute. Après l'exposition à la situation, la peur chute et la douleur ressentie diminue.
L'exemple du patient lombalgique.
Par exemple, le patient lombalgique craint de se pencher en avant afin de toucher ses orteils. Mais, s'il exécute la posture, la douleur ressentie est moins importante que la douleur attendue. Lors d'un deuxième essai, la crainte est moindre et la douleur encore plus faible. Peu à peu, la surestimation due à la peur disparaît, le patient se sent moins menacé, les handicaps diminuent.
La thérapie cognitivo-comportementale de réduction de la peur soulage et libère ainsi les patients souvent très médicalisés, en arrêts de travail itératifs et qui ont perdu toute confiance en eux.
D'après la communication du Pr Vlaeyen, de l'université de Maastricht (Pays-Bas) et de l'université de Leuven (Belgique), lors des 4es Journées ANTAL'J organisées avec le soutien des Laboratoires Grünenthal.
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