LANCÉE il y a quinze ans, l’opération Sourire a pour mission de rendre un visage à ceux que la guerre, la maladie et la malnutrition ont dévastés. Plus de 4 000 interventions ont ainsi été réalisées. Le suivi des patients et la formation, quand cela est possible, ont été assurés.
Le Pr Jean-Marie Servant est l’âme et le pivot du programme, avec, en particulier, le projet de création d’un institut national de chirurgie réparatrice et reconstructrice à Niamey (Niger). Un institut qui aura pour dessein de développer cette chirurgie autour d’un centre d’excellence, de promouvoir un partenariat avec des sociétés scientifiques du Nord et, en particulier, d’appuyer le programme national de lutte contre le noma, maladie que beaucoup de gens, et même de médecins, ignorent et qui illustre parfaitement ce que l’on pourrait faire pour aider les pays pauvres. Noma signifie en grec « dévorer, ronger ». La maladie touche des enfants de 2 à 6 ans dénutris et souffrant souvent d’un manque d’hygiène buccale. Il s’agit au départ d’une simple gingivite qui, si elle n’est pas traitée, devient en deux à trois semaines une gangrène destructrice du visage, avec 90 % de mortalité. L’OMS a recensé 50 000 cas par an, ce qui est sans doute loin de la réalité.
Au cours de ses nombreuses missions au Niger, le Pr Servant a eu maintes fois l’occasion de mettre son art au service du traitement chirurgical des séquelles esthétiques et fonctionnelles majeures que présentent les survivants. Pour autant, il n’oublie pas que le noma, pris à temps, peut être mis en déroute rapidement par un simple antibiotique.
Toujours au Niger, l’équipe du Pr Servant, et en particulier le Dr Sylvie Gaucher, mène une action tout aussi importante pour le traitement réparateur des séquelles de brûlures. Une unité de brûlés de 6 lits a pu être créée en 1996 et, en collaboration avec les médecins nigériens, exemplaires, des progrès importants peuvent y être apportés.
Il reste que, dans une Afrique très pauvre, la priorité va aux gros handicaps fonctionnels et esthétiques, et il n’en manque pas, dans la mesure où la prise en charge de ces brûlures est loin d’être optimale.
Dans tous ces cas, il faut faire le mieux possible avec ce que l’on a, raconte Jean-Marie Servant, qui cite, entre autres, les difficultés rencontrées pour le renouvellement du consommable. L’équipe de Niamey peut, en tout cas, revendiquer une série de prouesses trop rares dans l’Afrique déshéritée.
L’importance de la formation.
L’exemple du traitement des angiomes au Vietnam, présenté par le Dr B. Pavy (Paris) et R. Vanwijck (Bruxelles), est également exemplaire à plus d’un titre. D’autant que, dans ce cas précis, le chirurgien doit tenir compte des demandes d’une population qui n’accepte pas d’attendre la régression spontanée des angiomes du petit enfant. Il faut, bien sûr, dans ces cas, être très prudent. Une règle qui s’applique encore davantage aux malformations et aux pathologies artério-veineuses, ces dernières étant qualifiées de «bombe à haut débit» qu’il ne faut toucher que si l’on est sûr de pouvoir l’enlever. C’est dire que, dans ces cas, le chirurgien doit impérativement être accompagné d’un radiologue interventionnel et qu’une chirurgie réparatrice vasculaire ne doit pas s’imaginer sans présence d’un radiologue.
Dans tous ces cas, insiste le Pr Servant, la priorité doit être donnée à la formation complémentaire de chirurgiens locaux, qui sont d’ailleurs très compétents et habiles. Le chirurgien relève que la même intervention coûte environ 2 000 dollars quand elle est pratiquée par une équipe américaine, 300 dollars quand ce sont des Français, et... 20 dollars quand ce sont des Vietnamiens.
La chirurgie humanitaire, conclut le Pr Servant, doit donc toujours réfléchir au rapport coût/efficacité, en évitant les dérives néocolonialistes coûteuses.
Brothier, partenaire de la chirurgie
Depuis leur création en 1949, les laboratoires Brothier ont déposé de nombreux brevets qui témoignent d’une recherche innovante à l’origine d’une gamme de produits exclusivement à base d’alginate de calcium. Les récents résultats de cette recherche ont conduit au développement d’une nouvelle gamme de biopolymères dont l’efficacité a été évaluée scientifiquement dans la prise en charge de lésions consécutives à de larges excisions chirurgicales, réalisées en urgence pour le traitement d’infections aiguës et fulgurantes de la peau, chirurgie délabrante qui doit être réalisée en urgence pour prévenir l’apparition d’un choc septique. Ce vaste programme de recherche participe de l’entrée de la médecine par les preuves dans le domaine de la cicatrisation et du traitement local des infections. En prolongement de cette activité, Brothier est un partenaire fidèle des chirurgiens plasticiens et organise chaque année une dizaine de rencontres régionales dans les CHU et, tous les deux ans, les actualités en chirurgie plastique, qui réunissent les spécialistes au niveau national, le thème de cette année étant la chirurgie humanitaire.
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