Théâtre
Il y a une rigidité dans l'écriture d'Emmanuel Bourdieu, quelque chose de calculé qui contredit tout ce que l'on peut attendre du théâtre. Il y a dans « Je crois ? » plus d'artifice que d'élan, plus de visible structure que d'affect. Il y a là quelque chose de mental d'une tranchante sècheresse qu'il faut toute l'intelligence sensible de Denis Podalydès pour animer. Le spectacle demeure très formel, comme l'est le nud qui engendre l'intrigue : une sur aînée, Pauline (Cécile Bouillot), impose à son frère Jean (Micha Lescot) l'échange du « je » et du « tu ».
Enfantillage, jeu dangereux pour peu que l'auteur s'en saisisse et en tire les fils jusqu'à la dissolution intime du plus vulnérable. Cela fait un peu psychanalyse hâtive. Sujet chic. Et la mise en scène de Denis Podalydès n'échappe pas à ces coquetteries. Il a besoin d'occuper l'espace, comme s'il devinait les faiblesses de l'écriture, du propos. Son, photographies, vidéo, lumières, le régisseur a besoin d'un arsenal d'effets pour étayer la représentation. C'est beau, bien léché, mais est-on jamais ému ? Les comédiens, bien dirigés, ne sont pas en cause. Mais Cécile Bouillot et Aurélie Rusterholtz sont enfermées dans des personnages-clichés et sont assez froides. Le Simon de Pierre-Alain Chapuis est plus touchant, plus vrai, plus humain. Il n'a pas peur d'une certaine émotion quand ses camarades féminines se surveillent trop.
Parce que Micha Lescot, si précis dans la nervosité, la douleur, l'affaissement physique et mental, ne craint pas, lui, l'émotion, quelque chose passe de la souffrance dont veulent parler Bourdieu et Podalydès. Il garde cette part d'enfance sans laquelle le texte se vide de toute signification.
Théâtre de la Bastille, salle du haut, à 19 h 30 du mardi au samedi, le dimanche à 15 h 30. Durée : 1 h 20. Jusqu'au 13 avril (01.43.57.42.14.).
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