Céphalées et migraines peuvent altérer aussi bien la vie socioprofessionnelle que la vie de couple. « Le médecin devrait aborder la sexualité au cours d'une consultation pour migraine, aussi bien chez la femme que chez l'homme. C'est encore plus difficile à évoquer pour ce dernier et c'est à nous de dédramatiser le sujet », constate le Dr Christian Lucas, neurologue au CHRU de Lille.
Pour la première fois, une étude cas-témoin taïwanaise met en perspective migraine et fonction érectile avec une bonne méthodologie, le diagnostic de dysfonction érectile (DE) organique étant posée par deux urologues et le diagnostic de migraine vérifié par un neurologue. Les pathologies psychiatriques étaient exclues. Après ajustement sur les facteurs de risque, par rapport aux 17 289 témoins, les 5 763 patients ayant une DE organique ont plus souvent des antécédents de migraine (OR=1,63), cette relation étant encore plus marquée dans la tranche d'âge des 30/39 ans où la proportion d’antécédents de migraine est multipliée par deux en cas de DE.
Actuellement on ne peut parler que d'une association, mais quand on sait que la migraine, en particulier la forme avec aura, augmente le risque d'AVC et de coronaropathie, un impact sur les artères pelviennes est logique. « Le système dopaminergique qui intervient aussi bien dans la fonction érectile que dans la migraine pourrait être en cause. On peut aussi s'interroger sur le rôle éventuel de facteurs confondants comme les troubles anxio-dépressifs très souvent associés à la migraine qui n'ont peut-être pas été suffisamment évalués dans cette étude », reconnaît le neurologue. En tout cas, ces résultats incitent à poursuivre les recherches sur ce thème.
Céphalées coïtales : chercher la cause
Autres céphalées liées à la sexualité masculine : les céphalées coïtales ou post-coïtales qui sont pour la plupart secondaires, le diagnostic de céphalées primaires ne pouvant être retenu qu'après exclusion de pathologies potentiellement très graves. Elles sont de deux types. Dans le type I, les douleurs sont occipito-nuquales irradiant vers le vertex, non pulsatiles et plutôt à type de pression avec un maximum d'intensité au moment de l'orgasme. Lorsqu'elles sont bilatérales, progressives et typiques et que l’examen clinique est normal, la céphalée primaire est probable et un bilan complémentaire n’est pas nécessaire. En revanche, une céphalée unilatérale doit être considérée comme organique jusqu’à preuve du contraire et faire l’objet d’un bilan spécialisé à la recherche d’une dissection artérielle cervicale, d’une tumeur de la fosse postérieure, etc.
La céphalée de type II dite « explosive » survenant pendant les préliminaires ou le rapport doit conduire à l'hospitalisation pour bilan neurologique et IRM en extrême urgence pour éliminer diverses étiologies : hémorragie méningée sur rupture anévrysmale, thrombophlébite cérébrale, dissection artérielle cervicale, syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible.
Cette pathologie correspond à une micro-angiopathie cérébrale avec des vaso-spasmes, spontanés ou après la prise de pseudo-éphédrine nasale, d'IRS, de cannabis ou de cocaïne. « Diagnostiquer ces multiples pathologies demande une expertise neurologique pour orienter le neuroradiologue ou le dopplériste qui réalise l'IRM, l'ARM (angiographie par résonance magnétique), ou le Doppler transcrânien »,
conclut le Dr Lucas.
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