Quand prescrire ?
A question directe, réponse directe : il faut faire un bilan biologique d’auto-immunité en pratique de ville chaque fois qu’il y a indication!
Cette réponse résume toute la stratégie diagnostique des maladies auto-immunes, à laquelle il faut néanmoins ajouter : dès lors que la maladie dure depuis plusieurs semaines sans explication.
En effet, dans les maladies auto-immunes quand c’est parti c’est parti... et ça ne s’arrête pas tout seul. Mais, attention ! il ne s’agit pas de n’importe quelle maladie ni de n’importe quels malades. Tout est spécial dans les maladies auto-immunes.
Quelles maladies ?
Les maladies auto-immunes se répartissent en deux catégories : les maladies auto-immunes spécifiques d’organes (exemple : thyroïdite de Hashimoto, cirrhose biliaire primitive...) et les maladies auto-immunes non spécifiques d’organes, ou maladies systémiques, qui regroupent l’ancienne dénomination de collagénoses ou connectivites (exemple : lupus érythémateux disséminé, maladie de Gougerot-Sjögren, vascularite systémique...).
Ces maladies ont des caractères généraux qui leur confèrent, avec un peu d’expérience, « un air de famille ».
Caractères cliniques généraux des maladies auto-immunes
1) Maladies auto-immunes spécifiques d’organes : il s’agit le plus souvent de maladies non inflammatoires. La CRP est normale. Le maître symptôme est l’asthénie qui a valeur de « VS sémiologique » dans ces maladies, à condition de répondre aux critères d’une asthénie organique, à savoir une incapacité à agir avec conservation de l’élan vital ( «J’ai envie, mais je ne peux pas.»).
2) Maladies auto-immunes non spécifiques d’organes : le cadre général est celui d’un syndrome inflammatoire prolongé avec ses signes habituels ; cliniques : fébricule, arthralgies, myalgies, amaigrissement, anorexie ; et biologiques : élévation de la CRP et du fibrinogène.
Caractéristiques biologiques générales: les petits riens qui font les grands diagnostics.
Dans les deux types de maladies auto-immunes, l’hémogramme révèle souvent de discrètes anomalies qui « sentent l’auto-immunité », parmi lesquelles : une lymphopénie < 1000/mm3 ; une thrombopénie modérée, < 150 000 plaquettes ou une hémolyse (anémie à tendance macrocytaire avec augmentation des réticulocytes, à confirmer par le dosage de l’haptoglobine), une hypergammaglobulinémie à l’électrophorèse et parfois une hyperéosinophilie modérée (entre 500 et 1000/mm3).
Quels malades ?
En dehors de certains rhumatismes inflammatoires chroniques ou des vascularites systémiques, les maladies auto- immunes concernent le plus souvent les femmes dans 60 à 80 % des cas, mais pas n’importe quelles femmes. Elles ont des antécédents familiaux de maladie auto-immune dans 10 à 20 % des cas, qui témoignent de l’existence de gènes de susceptibilité (mère atteinte de polyarthrite rhumatoïde ; tante traitée pour thyroïdite...).
Les femmes jeunes prennent souvent des contraceptifs, ont parfois eu des fausses couches ou des antécédents de phlébite (anticorps antiphospholipides), et toutes sont particulières par l’existence d’une « touche psychologique » assez singulière qui donne à la présentation clinique un avant-goût d’auto-immunité : antécédents de stress ou d’événement douloureux, terrain anxieux ou dépressif, comportements autosacrificiels (auto-immunité : rejet du Soi), mêlé souvent à un sens particulier de la critique.
Inducteurs
Les principaux médicaments inducteurs d’anticorps antinucléaires sont :
– procaïnamide
– hydralazine
– isoniazide
– bêtabloquants
– D-pénicillamine
– anticonvulsivants
– captopril
– minoxidil
– chlorpromazine
– quinidine
– propylthiouracile
– triméthadone
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