À LA FIN du XVIe siècle, à Paris, Rubens et le goût du baroque triomphent. Marie de Médicis ranime « l’éclat de civilisation » en aidant et défendant les plus grands artistes du moment, privilégiant aussi bien le modèle artistique toscan que les artistes français, mais également les Flamands. Van Dyck réalise son portrait tandis que Rubens peint celui d’Henri IV. Les peintres flamands et leur « manière » raffinée et sensible dominent la scène artistique parisienne, à la fois dans la peinture religieuse (ravissant « l’Arrivée de saint Jean Matha et de saint Félix de Valois à Paris », de Theodor van Thulden), dans les paysages, dans les scènes de genres ou dans les natures mortes. Rubens bien sûr, mais aussi Philippe de Champaigne et Laurent de La Hyre, s’inspirent du réalisme velouté, de la sobriété et de l’intériorité des peintres hollandais. Lubin Baugin, dans sa « Nature morte à la coupe d’abricots », laisse doucement résonner la délicatesse des couleurs, tandis que les frères Le Nain, avec leurs « Joueurs de cartes », révèlent l’intériorité des personnages.
Bientôt, le classicisme fait son entrée en France, caractérisé par un équilibre des compositions, par ce qu’on a appelé l’« atticisme ». Les maîtres mots de cette exigence picturale sont la clarté et la rigueur, auxquels répondent parfaitement La Hyre et sa « peinture intellectuelle » (voir les coloris raffinés du « Jugement de Salomon »). Avec Poussin, nommé premier peintre du Roi en 1641, le classicisme devient un modèle universel. L’artiste distille dans ses toiles la grâce et le raffinement, la sérénité et la noblesse. Il rend la religion, la mythologie et l’Histoire accessibles, intimes, quotidiennes, tout en méditant sur la place de l’homme dans l’univers. Sous le règne de Louis XIV, c’est maintenant au tour des artistes flamands de venir se perfectionner à Paris et de s’imprégner de la douceur et de la sérénité du style classique. C’est un renversement d’influence qui s’opéra entre l’école baroque et l’école classique au cours du XVIIe siècle, et qui est clairement résumé ici dans un esprit de synthèse bienvenu. Enfin une exposition à taille humaine !
Musée Jacquemart-André, 158, bd Haussmann, 8e, tél. 01.45.62.11.59. Tlj de 10 à 18 heures (lundi jusqu’à 21 h 30). Jusqu’au 24 janvier.
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