« Les candidats parisiens ne savent pas ce qu'ils manquent, regardez comme c'est beau ! », s'exclame Jean-Paul Bacquet le sourire aux lèvres, en s'émouvant au détour d'un virage, d'un paysage qu'il connaît pourtant bien. Le député sortant, candidat à sa réélection dans la circonscription d'Issoire, ne boude pas son plaisir de faire campagne en milieu rural, en plein cur de ce Massif central, d'où il est originaire. « J'ai la chance de sillonner les routes d'une région magnifique, ajoute-t-il. Ma circonscription est d'une richesse et d'une diversité géographiques incroyables. »
Montagnes, produits fromagers et thermalisme à l'ouest, plaines agricoles à l'est, bassin minier au sud, et banlieues jouxtant Clermont-Ferrand au nord : la diversité vaut également pour les activités humaines. « Seul un homme de terrain comme lui peut aider et comprendre la diversité de la situation », estime Michelle Fauvergue, la suppléante du candidat. Ça y est, le mot est lâché. Jean-Paul Bacquet, c'est l'homme de terrain par excellence, l'élu de proximité, comme il aime se définir, disponible, accessible, ouvert et attentif. Tout son discours électoral est axé sur ce point. En refusant de devenir un politicien professionnel, le député sortant a mis un point d'honneur durant son mandat à « revenir sur le plancher des vaches » deux jours par semaine pour poursuivre son exercice de la médecine générale, dans la petite commune de Coudes dont il est également le maire.
2 500 kilomètres par semaine
Toutefois, depuis trois semaines, les volets du cabinet médical sont fermés, pour cause de « campagne marathon ». Conduite par un ami et accompagné par sa suppléante Michelle Fauvergue, Jean-Paul Bacquet parcourt en moyenne 2 500 kilomètres chaque semaine. Un rythme indispensable pour visiter chacune des 140 communes que compte la circonscription, la plus vaste du département. Cette prouesse physique, le député sortant l'explique grâce à ses vingt-cinq ans de pratique de la médecine générale, « une école formidable ». « Je suis habitué à me lever toutes les nuits. Et puis je ne bois pas, je ne fume pas ; et je fais beaucoup de vélo. » Résultat, Jean-Paul Bacquet tient une forme olympique.
Le quotidien de ce médecin en campagne, c'est un planning ultra chargé et très organisé. Plutôt que le porte-à-porte, Jean-Paul Bacquet préfère les rencontres avec les électeurs organisées dans les mairies. Elles se succèdent à un rythme effréné. Vendredi, le canton de Champeix était au programme. Pour l'occasion, le conseiller général de Champeix, Luc Tixier, s'est joint à la petite équipe. Une façon de remercier celui qui, depuis cinq ans, « s'oppose à la dévitalisation des campagnes », et dont les « interventions en faveur du milieu rural à l'Assemblée nationale ont été déterminantes ».
Saint-Nectaire et films d'horreur
Première étape, tôt le matin : le marché de Champeix, avec distribution de tracts et poignées de mains en pagaille. Le contact avec les gens est facile, l'accueil que lui réservent les habitants chaleureux. Visiblement, le député est un homme connu et apprécié dans la région.
Une demi-heure plus tard, Jean-Paul Bacquet fait une brève escale à Besse-en-Chandesse, où se tient l'assemblée générale annuelle du syndicat du fromage Saint-Nectaire. Juste le temps de rappeler en quelques mots son soutien à un produit « injustement » critiqué, faisant trois morts annuels par listériose quand les accidents de la route en font 8 000. « Lorsque j'incite à consommer du saint-nectaire, ce n'est pas du chauvinisme, c'est aussi une conception de la santé publique », précise celui qui se définit comme le « défenseur du saint-nectaire à l'Assemblée ».
Pas le temps de s'éterniser plus longtemps. Jean-Paul Bacquet repart ventre à terre pour commencer sa série de meetings municipaux. Meetings, c'est tout de même un bien grand mot. Car dans ces communes de 200 âmes, il est difficile de déplacer les foules. Une audience de dix personnes constitue déjà un beau score, qui ne manque pas de satisfaire Jean-Paul Bacquet. Dans une salle aux tapisseries usées par les ans, l'isoloir planté dans un coin constituant souvent l'essentiel du mobilier, le candidat prononce son discours, bien huilé. Même si sa circonscription est peu concernée par la montée de l'extrême droite (Chirac 19 %, Jospin 17,2 %, Le Pen 13,2 % au premier tour de la présidentielle), Jean-Paul Bacquet livre son analyse des résultats du 21 avril, « un coup de barre terrible, qui témoigne des nombreux mécontentements et du mal-vivre ambiant ». Regrettant l'absence de débat politique et l'omniprésence du thème de l'insécurité, Jean-Paul Bacquet met en garde contre une nouvelle menace. « Aux législatives, on nous refait le coup de la peur. Mais de la cohabitation cette fois. Ne jouons pas cette carte. Préférez les propositions que nous, socialistes, faisons, aux propos démagogiques de la droite, tels la baisse de 5 % des impôts et le passage du tarif de la consultation médicale à 20 euros. Sur ce dernier point par exemple, si on y va, il faut dire qui va payer. Les Français en ont marre de la langue de bois, ils veulent de l'honnêteté. »
A ces « pièges à con électoraux », Jean-Paul Bacquet oppose trois types d'engagement : le retour au plein emploi, le retour à la sécurité pour tous, et le retour à une vraie solidarité intergénérationnelle. Le médecin s'exprime tranquillement, jette un regard par-dessus ses lunettes pour mieux capter l'attention de son auditoire, joue avec sa montre, la retourne et la pose face à lui, pour surveiller l'horaire.
Les questions qui suivent sont parfois déconcertantes. Ainsi ce vieux monsieur, qui s'interroge sur les moyens d'interdire les films d'horreur à la télévision. Jean-Paul Bacquet ne perd pas ses moyens, et répond patiemment. Une voix, c'est une voix.
Optimiste
Puis, nouveau départ, direction la commune voisine. Là, le député s'excuse de l'heure inappropriée de la réunion. Il faut dire que le match France-Sénégal vient juste de commencer. Mais cela n'a pas empêché les habitants de se déplacer, cette fois la petite salle municipale est comble. Comme à chaque fois, c'est la suppléante Michelle Fauvergue qui a le mot de la fin : elle insiste sur les qualités de Jean-Paul Bacquet, un homme de dialogue, efficace et énergique. Et incite à voter pour lui.
Tous deux sont optimistes quant à l'issue du scrutin. Le bilan de ces cinq années est positif, les soutiens sont nombreux. Ils espèrent un « remake » des élections de 1997, où Jean-Paul Bacquet avait battu au second tour son seul adversaire de taille, Pierre Pascallon (RPR devenu UMP en 2002), avec 56,92 % des voix. Pour conclure sa campagne « en beauté », Jean-Paul Bacquet attend les visites des anciens ministres Claude Bartolone et Laurent Fabius dans la semaine.
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