Loup
L'éruption de Mlle E. est apparue au mois de juin au Maroc et est restée stable après la période d'exposition solaire.
Elle consulte pour la première fois au mois de décembre.
Cliniquement, elle a une éruption en loup associée à une atteinte du menton et du front. Cette éruption est composée d'éléments pustuleux sur un fond télangiectasique.
Elle n'a aucune altération de l'état général. Elle n'a pas d'arthralgie. L'examen des urines à la bandelette ne trouve pas d'albuminurie.
Le premier diagnostic évoqué était celui d'une rosacée, mais l'éruption pouvait aussi correspondre à celle d'un lupus systémique.
Les deux affections sont provoquées ou aggravées par le soleil, mais l'aspect en loup est très évocatrice d'un lupus, quoique pouvant se voir dans une rosacée.
Pour affirmer le diagnostic de lupus, il aurait fallu faire une biopsie avec une immuno-fluorescence qui aurait retrouvé la bande lupique caractéristique.
Mais la présence de pustules était beaucoup plus évocatrice de la rosacée et l'absence de signes généraux permettait de surseoir à cet examen.
Un traitement d'épreuve par cyclines peros et métronidazole topique a été mis en route.
Un mois après, l'éruption s'était nettement améliorée confirmant l'hypothèse de rosacée.
Rosacée
La rosacée est une dermatose bénigne fréquente puisqu'elle représente de 2 à 3 % des consultations dermatologiques. Elle est plus fréquente chez la femme.
Elle a longtemps été confondue avec l'acné car elle atteint aussi le visage, mais, contrairement à l'acné, il n'y a jamais de signe de rétention sébacée, en particulier de comédons, dans la rosacée.
Cliniquement, elle est caractérisée par une localisation médio-faciale composée d'une association de télangiectasies et de pustules. Elle peut s'accompagner de bouffées vasomotrices. Le cas clinique présenté ici est particulièrement profus et, bien souvent, les lésions sont plus rares.
La présence de quelques pustules sur un fond télangiectasique sans comédons suffit à porter le diagnostic. Traiter à ce stade plus précoce permet d'éviter une évolution inéluctable vers l'aggravation. A un stade très évolué, la rosacée peut être responsable d'un rhinophyma très inesthétique et de traitement difficile. Elle s'accompagne très souvent d'une peau intolérante.
Des localisations oculaires sont possibles, à type de blépharite, de conjonctivite, de syndrome sec, voire de kératite et d'ulcère scléro-cornéen.
Diagnostic différentiel
Le premier diagnostic différentiel est celui d'acné. L'analyse sémiologique permet de l'éliminer facilement devant l'absence de comédon. Le lupus est en général purement papuleux. La sarcoïdose est parfois plus difficile à éliminer d'autant que l'histologie donne des aspects qui ne permettent pas toujours de trancher ; dans le doute, un traitement d'épreuve de rosacée peut être fait.
Le traitement est simple et efficace :
– le métronidazole topique à 0,75 % donne d'excellents résultats. La forme galénique n'influe pas sur l'efficacité et doit être choisie en fonction du type de peau pour obtenir la meilleure tolérance ;
– les cyclines per os (100 mg/j doxycycline ou 300 mg/j lymécycline) en cures de trois ou quatre mois donnent aussi de très bons résultats ;
– les corticoïdes locaux sont interdits. De nombreux patients ont eu une corticothérapie locale qui est en général transitoirement efficace, mais qui en réalité aggrave la maladie ;
– éviter toute irritation par les soins quotidiens.
Le choix entre métronidazole per os et cyclines dépend principalement de l'extension des lésions, de la simplicité du traitement et du choix du patient, les études cliniques montrent des résultats très proches.
Les rechutes sont assez fréquentes. Elles sont prises en charge de la même façon.
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