« Bye Bye Blondie », de Virginie Despentes

Punkette destroy et skin psychopathe

Publié le 04/10/2004
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VIRGINIE DESPENTES fait partie de ces jeunes louves qui se sont frayé un chemin dans la jungle éditoriale à coups de livres âpres et provocateurs, initiés par « Baise-moi » en 1993. Quatre autres ouvrages ont paru depuis dont « les jolies Choses » qui a reçu le prix de Flore 1998 et a été adapté au cinéma avec Mario Cotillard et Patrick Bruel.
Dans ce nouveau roman, l'héroïne, Gloria, a le même âge que l'auteure, 35 ans, et traîne sa dégaine dans sa ville natale, Nancy. Mais arrêtons là les parallèles. Car Gloria est une fille qui va vraiment mal. Le soir même où elle se retrouve une nouvelle fois SDF -  « j'en ai marre qu'à chaque fois que je trouve un mec que j'aime bien je le fasse trop chier et qu'il me vire » -, elle croise Éric, son grand amour de jeunesse, devenu une star de la télévision.
L'histoire dans l'histoire montre alors comment, vingt ans auparavant, contre toute logique - elle, fille de prolos, lui, fils de bourgeois - ils se sont rencontrés... en hôpital psychiatrique. « Victime d'une chimie trop puissante », Éric avait disjoncté et se prenait pour un prophète ; elle, avait été internée à la demande de ses parents impuissants à contenir la violence qu'elle exerçait sur les choses, les autres et elle-même.
La « punkette destroy et le skin psychopathe » se retrouvent à la sortie, s'aiment le temps d'un été de liberté et de musique à Paris. Puis un jour Éric a disparu. Gloria apprendra plus tard que, « pour son bien », ses parents l'ont enfermé dans une autre prison, éducative celle-là.

Vingt ans après.
Vingt ans après, l'histoire se répète. Elle est toujours à la dérive mais lui a « réussi ». Et à nouveau, contre toute attente, il veut la séduire, l'aimer et l'aider, il l'intègre à son tourbillon médiatique, il encaisse ses fureurs et, après chaque orage, lui remonte le moral, mais rien n'y fait. « Elle croyait s'en tirer, elle pensait comme une conne que l'amour la sauverait de tout, mais ses démons sont de retour, en pleine forme. Cette fois bien décidés à la laminer complètement ».
Portrait d'une adolescente et d'une femme blessée rythmé par l'évocation des années punk, « Bye Bye Blondie » avait des atouts pour être plus qu'une histoire d'amours contrariées à répétition. Or l'ouvrage manque paradoxalement de puissance : la faiblesse de l'écriture grève la force des sujets.

Éditions Grasset, 330 p., 18 euros

>M. F.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7604