Les sujets qui ont une maladie mentale sévère ont un risque accru de maladies physiques, y compris les maladies cardio-vasculaires. En Grande-Bretagne, les recommandations du National Institute for Clinical Excellence, en ce qui concerne ces patients, sont de rechercher des facteurs de risque cardio-vasculaire afin d'y remédier.
Les causes probables de la morbidité cardio-vasculaire chez ces patients sont l'alimentation, le tabagisme et les traitements médicamenteux.
Les professionnels de santé peuvent être peu enclins à s'occuper de la santé physique de leurs patients. Inversement, les patients peuvent être peu intéressés et peu motivés par leur santé physique.
En fait, on sait peu de choses sur l'acceptation d'une prévention des maladies physiques par les personnes présentant une maladie mentale sérieuse. Des Londoniens (D. Osborn et coll.) sont partis du principe que ces malades accepteraient moins que des individus témoins de participer à une évaluation du risque cardio-vasculaire.
Schizophrénie ou autre psychose chronique
Pour en avoir le cœur net, ils ont mis sur pied une étude concernant sept centres londoniens. Deux groupes ont été constitués : l'un fait de patients ayant un diagnostic de schizophrénie ou d'autre psychose chronique (à l'exclusion des troubles primitifs de l'humeur) ; l'autre, fait de sujets témoins, à raison d'environ deux contrôles pour un patient.
Des généralistes ont écrit à tous ces sujets pour leur proposer un rendez-vous (incluant une prise de sang) avec un investigateur et pour leur expliquer comment on pouvait évaluer le risque cardio-vasculaire à dix ans à partir de l'âge, du sexe, du tabagisme ou non, du diabète ou non, de la tension artérielle et du taux de cholestérol. Il leur était expliqué que les participants recevraient les résultats avec l'interprétation. Etaient de principe exclus les sujets de moins de 30 ans, de plus de 75 ans ou porteurs d'une cardiopathie ischémique.
Au total, des lettres ont été envoyées à 224 sujets atteints de psychose et à 424, sans psychose. Au bout d'une semaine, on tentait d'établir un contact téléphonique (entre un et trois essais) ; en cas d'échec, on envoyait un deuxième courrier.
Après avoir éliminé les sujets ayant déménagé et ceux qui ne pouvaient être joints, on a pu obtenir des « participants potentiels » : 182 avec psychose et 313 sans psychose.
Participation : odds ratio de 0,76
Le taux réel de participation a, en fin de compte, été de 41,2 % (75/182) chez les sujets du groupe psychose et de 47,9 % (150/313) chez les contrôles. Ce qui donne un odds ratio de participation pour les sujets atteints de psychose de 0,76 (base de 1 pour les témoins). Après ajustement sur diverses variables (âge, sexe...), l'odds ratio est de 0,74.
« De nombreux sujets avec psychose ont accepté la proposition d'une évaluation de leur risque cardio-vasculaire, ce qui procure une opportunité pour une éducation de santé. Leur intérêt pour cette évaluation est plus grand que ce que nous avions imaginé », reconnaissent les auteurs.
« British Medical Journal » du 24 mai 2003, pp. 1122-1123.
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