L 'AUTOMNE dernier, les responsables de la Ferme annonçaient le lancement d'un programme de recherche dirigé par l'université Lyon-II sur un thème controversé de l'histoire hospitalière, la surmortalité des malades mentaux sous l'Occupation : les historiens, dont les travaux, très attendus, ne seront pas achevés avant plusieurs mois, doivent éclaircir les conditions dans lesquelles les « aliénés » de la région lyonnaise internés au Vinatier ont souffert d'une telle indifférence que l'on estime à environ 2 000 le nombre de ceux qui sont morts d'épuisement et de faim (« le Quotidien » du 12 octobre 2000).
Toutefois, cette contribution à « l'éclairage historique de la vie asilaire contemporaine », y compris dans sa période la plus sombre, n'est qu'une des facettes du travail de la Ferme. Depuis 1997 en effet, les activités de l'association - avec le soutien de la direction régionale de l'Action culturelle - sont multiples et se succèdent à un rythme soutenu. Exposition sur les pratiques psychiatriques et l'évolution de l'hôpital, dans une démarche patrimoniale et muséologique, recherches en sciences sociales, anthropologie, ethnologie, sociologie, organisation de débats, de concerts, contributions à la création artistique et à la diffusion des œuvres... la présence et le rôle de la Ferme commencent à être connus.
Et reconnus : des Lyonnais de plus en plus nombreux ont désormais pris l'habitude de rallier le plus grand hôpital psychiatrique de la région, à la périphérie de la ville, pour des raisons totalement étrangères à la consultation d'un spécialiste ou à la visite d'un parent hospitalisé.
Dernier en date de ses « temps forts », la Ferme publie les actes des trois récents colloques de son cycle « Tumulte et silences de la psychiatrie », consacrés à l'architecture, à l'ethnopsychiatrie et à la « révolution psychiatrique » (1). S'ajoute à ce triptyque l'édition d'une passionnante conférence du Dr Nathalie Giloux, responsable de l'unité médicale d'accueil de l'hôpital, qui s'interroge sur « l'adolescence, l'âge des déviances ? », à laquelle répond avec son propre regard d'ethnosociologue Jean-Paul Filiod (université Lyon-II), qui cherche à comprendre ce qui se cache derrière les nouvelles pratiques urbaines du skateboard, des tags, ou encore des rave-parties.
* Renseignements au 04.37.91.51.11.
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