S UR la lutte contre la douleur, les mentalités ont considérablement évolué. Mais c'est surtout la douleur physique qui a été prise en compte ainsi que l'indispensable développement des soins palliatifs. Il faut penser aussi à la douleur morale, symptôme majeur de la dépression. Et tous les médecins gagneraient à s'interroger sur ce que signifie la plainte douloureuse et, au-delà du simple exercice médical, sur la douleur dans tous ses aspects, y compris la fatigue, la lassitude, l'ennui ou encore le sentiment de « à quoi bon ».
C'est le but de la 5e Conférence internationale Philosophie et Psychiatrie qui aura lieu à Paris, faculté des Saints-Pères, du 28 au 30 juin, sur le thème « Douleur et dépression ». Organisée et présidée par le Pr Bernard Granger (hôpital Necker, université René-Descartes-Paris-V), elle réunira des philosophes, psychiatres, psychologues et spécialistes de la douleur de tous les continents.
Depuis son individualisation, souligne l'organisateur, « la médecine des affections mentales suit deux courants complémentaires, l'un organique (de la théorie des humeurs à la psychiatrie biologique), l'autre philosophique et psychologique (du traitement moral pinélien aux psychiatres freudiens et phénoménologues). La psychiatrie doit s'abreuver à ces deux sources pour rester équilibrée et vivante ».
Or, pour les psychiatres, la notion de douleur morale est très importante, d'autant que certains ont longtemps considéré qu'il n'était pas nécessaire de la prendre en charge, qu'il ne fallait pas priver l'individu de cette expérience. Et dans notre culture marquée par le christianisme, on garde encore souvent une vision positive de la douleur.
Il y aura donc des communications cliniques sur la prise en charge et la difficulté de suivre les malades. Mais c'est avec la philosophie que commencera la conférence, avec une conférence de Clément Rosset intitulée « La tyrannie du pathos ». Tandis que l'historien de la psychiatrie Georges Lantéri-Laura, élève de Henri Ey et d'Eugène Minkowski, donnera une « Introduction historique et critique à la notion de dépression en psychiatrie ». Et pour rester dans la philosophie, Jean-Louis Chrétien évoquera « Les larmes ». La conférence de clôture est confiée à l'écrivain et philosophe Michel Henry, sous le titre simple « Souffrance et vie »
L'influence de la culture ne sera pas négligée, avec entre autres, lors d'une séance exceptionnelle à la Sorbonne, une intervention du Japonais Shigeyoshi Okamoto (professeur de psychiatrie à l'Université bouddhiste de Kyoto) sur « La douleur spirituelle et la thérapie de Morita ».
On peut citer encore la conférence du psychiatre américain Larry Davidson (université de Yale) sur « La restauration du contact vital avec la réalité dans la dépression psychotique » et celle du psychologue L. Sass appelée « Corps vécu, pensée vécue et la souffrance du non-être ». Et parmi les nombreux symposiums : psychologie de la douleur physique ; de l'ennui à la mélancolie ; attitudes philosophiques et religieuses face à la souffrance ; conceptions du monde et vécu dépressif.
Bref, douleur et dépression, « deux des sujets fondamentaux de la philosophie, de la psychiatrie et de la médecine », abordés « dans un esprit largement multidisciplinaire ».
Organisée avec le parrainage des Laboratoires Aventis et Lilly et du CIC et avec l'aide des Laboratoires Ardix Médical. Renseignements : secrétariat du Pr Granger, hôpital Necker. Fax 01.44.49.44.04. E-mail granger@necker.fr.
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