CONGRES HEBDO
Le psoriasis concerne de plus en plus d'individus si l'on en croit les dernières données épidémiologiques. Il affecte 5 % de la population française, ce qui représente environ 3 millions de personnes en France. « La moitié ne se soigne pas, soit parce qu'ils n'ont pas de lésions, soit parce qu'ils sont davantage découragés par les traitements que par leur maladie », affirme le Pr Louis Dubertret.
Maladie multifactorielle, la recherche des gènes impliqués dans le psoriasis n'a pas abouti à identifier de mutations responsables de la maladie. Les recherches génétiques tentent aujourd'hui de mieux identifier les polymorphismes génétiques responsables de cette réaction exagérée de la peau aux agressions de l'environnement. Elles s'orientent vers la biologie moléculaire et s'intéressent aux conséquences des anomalies de l'expression des gènes de l'épiderme et du derme en réponse aux agressions.
Une réaction d'hyperréactivité
« Globalement, explique le Pr Dubertret, les cellules psoriasiques réagissent aux facteurs de l'environnement en exprimant les gènes de défense de façon exagérée. C'est une réaction d'hyperréactivité aux facteurs de l'environnement. Le spectre de cette cinétique de l'expression de ces gènes est très hétérogène. » Grâce aux puces d'ADN, on est aujourd'hui capable de décrire une nouvelle physiologie cellulaire.
A côté d'une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques qui sous-tendent l'apparition d'un psoriasis, un nombre conséquent de progrès thérapeutiques sont évoqués par le spécialiste. « De nouveaux traitements vont moduler les fonctions de certaines cellules impliquées dans le processus inflammatoire, telles que les lymphocytes activés responsables de la persistance des plaques de psoriasis. Parmi les médicaments disponibles, certains modulent les communications intercellulaires à l'origine de l'activation des lymphocytes T. L'un de leur intérêt est la quasi-absence d'effets secondaires à court terme. Malheureusement, ils sont pour l'instant très coûteux. »
Déjà utilisés en rhumatologie, les inhibiteurs du TNF alpha (Tumor Necrosis Factor) ont une efficacité spectaculaire dans les psoriasis les plus graves, avec des blanchiments rapides et prolongés. Le TNF-alpha est au cur de la réaction inflammatoire en activant les polynucléaires neutrophiles. Cela relance la recherche dans cette voie qui avait été autrefois délaissée au profit de celle sur les lymphocytes.
Au-delà des problèmes médicaux
Ces médicaments sont très coûteux et posent des problèmes socio-économiques, ils ne sont pas accessibles aux pays pauvres. Pour le Pr Dubertret, il ne faut pas délaisser les traitements moins coûteux et plus classiques qui ont fait la preuve de leur efficacité car les indications de ces nouveaux traitements restent à définir.
Parallèlement, des enquêtes de qualité de vie des malades sont menées afin de mieux identifier la prise en charge le mieux adaptée à chaque patient. « Les résultats de ces enquêtes modifient la prise en charge du psoriasis, affirme le Pr Dubertret. Progressivement, la prise en charge se recentre sur le patient et sa qualité de vie et non plus sur la maladie ou sur les médicaments. Le psoriasis est ainsi à l'origine d'une modification complète du regard médical. »
D'après la communication du Pr Louis Dubertret (professeur de dermatologie, hôpital Saint-Louis, Paris).
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