L ES raisons de s'intéresser au TNF-alpha (Tumor Necrosis Factor) dans le psoriasis sont nombreuses. Deux types de lésions sont observées dans l'affection : une hyperprolifération épidermique avec différenciation anormale et une infiltration inflammatoire du derme et de l'épiderme. Le TNF-alpha pourraît être à l'origine des deux phénomènes. L'un et l'autre sont liés à l'activité de cellules T, ou de cellules présentatrices d'antigènes et à la libération par ces cellules de différentes cytokines ou chimiokines, parmi lesquelles le TNF-alpha, les interleukines 6, 8 et l'interféron gamma, toutes potentiellement impliquées dans la prolifération épidermique anormale, ainsi que des molécules d'adhésion telle que ICAM-1 (Inter-Cellular Adhesion Molecule), impliquées, elles, dans l'accumulation de cellules inflammatoires. Or, c'est le TNF-alpha, dont des taux élevés ont été signalés dans les lésions, qui semble être le déclencheur de la synthèse de ces divers médiateurs, via le facteur de transcription NF-Kappa-B.
L'anticorps testé, l'infliximab, est autorisé en Europe et aux Etats-unis dans le traitement de l'arthrite rhumatoïde et de la maladie de Crohn. Compte tenu de la parenté physiopathologique de ces affections avec le psoriasis et d'une expérience « anecdotique » avec l'anticorps dans cette indication, les auteurs ont organisé un essai contrôlé.
Au moins 5 % de la surface corporelle
Trente-trois patients ont été recrutés, atteints de psorsiasis modéré à sévère, couvrant au moins 5 % de la surface corporelle. Le blocage du TNF-alpha comportant toujours un risque, ces patients étaient par ailleurs en bonne santé générale et toute suspiscion de tumeur avait été exclue, dans la mesure du possible.
Trois groupes ont été constitués, traités par placebo, par 5 mg/kg, ou 10 mg/kg d'anticorps. Le traitement a été administré par voie I.V., aux semaines 0, 2 et 6.
L'évaluation, réalisée à 10 semaines par un spécialiste, a montré un taux de réponses (résultat « bon », « excellent » ou « blanchi ») de 82 % dans le groupe 5 mg/kg, de 91 % dans le groupe 10 mg/kg, enfin de 18 % chez les patients du groupe placebo. Le score PASI (Psoriasis Area Severity Index) était, lui, amélioré d'au moins 75 % chez 82 %, 73 % et 18 % des patients respectivement.
Des maux de tête
En ce qui concerne les effets secondaires, seuls les maux de tête sont apparus significativement plus fréquents parmi les patients effectivement traités - et parmi ces patients, plus fréquents parmi ceux traités par 10 mg/kg. Les auteurs notent cependant l'apparition en cours d'étude, chez deux patients traités à 5 mg/kg, d'anticorps antinucléaires, non accompagnés de symptômes, mais dont la signification n'en mériterait pas moins d'être approfondie.
En tant que traitement, l'infliximab apparaît, selon les auteurs, d'une efficacité comparable, en rapidité et intensité, à celle rapportée par ailleurs pour la ciclosporine et supérieure à celle d'autres traitements, dont un certain nombre d'anticorps dirigés contre diverses cytokines ou leurs récepteurs. Reste l'incertitude sur le long terme. Le risque, notamment tumoral, auquel expose l'inhibition durable du TNF-alpha, suppose qu'une cure soit suivie d'une rémission longue. Or, le recul de l'étude n'est que de quatre semaines (entre la dernière injection et l'évaluation). On attend donc des résultats à plus long terme. Pour le moment, comme le soulignent les auteurs, il est seulement démontré que le TNF-alpha est bien un facteur qui se situe très en amont dans la cascade d'événements immunologiques caractéristiques du psoriasis.
U. Chaudhari et coll. « Lancet » 2001 ; 357 : 1842-1847.
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