« Les pseudolymphomes cutanés se traduisent par la survenue de plaques, de nodules ou de tumeurs cutanés qui simulent cliniquement ou histologiquement des lymphomes cutanés de type T (mycosis fongoïde), de type B (lymphome cutané primitif de type B), plus rarement des localisations cutanées secondaires de lymphomes systémiques.
Les pseudolymphomes sont en fait définis par une prolifération lymphocytaire bénigne réactionnelle et non néoplasique et répondent à des critères cliniques et anatomopathologiques précis. Une confrontation anatomoclinique impliquant au mieux un dermatologue permet d'éviter certaines erreurs diagnostiques », souligne le Dr Florent Grange.
Le diagnostic est évoqué en fonction des causes potentielles retrouvées mais aussi en fonction de certaines caractéristiques cliniques des lésions comme leur localisation.
Les pseudolymphomes T
Lorsque l'étiologie est d'origine médicamenteuse, les lésions de pseudolymphome T (plus rarement B) apparaissent après la mise en place du traitement avec un délai très variable (de quelques jours à plusieurs années) et régressent à l'arrêt de ce dernier ; les classes médicamenteuses le plus souvent responsables sont les antiépileptiques, les antihypertenseurs, les psychotropes. Le risque d'évolution vers un authentique lymphome est a priori inexistant mais la réintroduction du médicament est contre-indiquée. Lorsque l'étiologie est liée à un antigène de contact, il s'agit alors d'une dermite de contact lymphomatoïde qui simule un lymphome de type T mais dont la topographie est évocatrice de bénignité (surface de contact avec un patch à la clonidine, infiltration des paupières liée à des collyres, allergène vestimentaire...).
Les pseudolymphomes de type B
Parmi les pseudolymphomes de type B, le lymphocytome ou hyperplasie lymphoïde cutanée est évoqué chez le sujet jeune, en particulier l'enfant. Le plus souvent, il s'agit d'un nodule situé au niveau du lobe de l'oreille ou du mamelon, parfois au niveau des organes génitaux externes. « L'un des exemples cliniques est le lymphocytome borrélien qui est une expression rare de la maladie de Lyme, explique le spécialiste, à l'interrogatoire, on recherche une morsure de tique, une exposition au risque borrélien (telle qu'une promenade en forêt en zone d'endémie), la survenue antérieure d'un érythème migrant ; la sérologie est positive dans trois quarts des cas mais en raison d'une séroprévalence importante en zone d'endémie, une sérologie positive ne signe pas formellement le diagnostic et les arguments cliniques sont importants. »
Les lésions de pseudolymphomes peuvent correspondre à des nodules scabieux secondaires à une gale, à des lésions cutanées secondaires à une désensibilisation, à des tatouages, à de l'acupuncture. « Mais dans 50 % des cas, affirme le Dr Grange, les pseudolymphomes sont idiopathiques, c'est dans ces cas que la confrontation anatomoclinique est primordiale et doit prévaloir à toute décision thérapeutique. Il est exceptionnel d'avoir recours à un bilan paraclinique très poussé. La NFS et l'examen clinique précéderont l'imagerie (radiographie thoracique, échographie abdominale, voire scanners) et l'examen biopsique de moelle éventuel qui ne seront utiles que dans les cas exceptionnels où le doute persiste avec un lymphome.
Le traitement dans tous les cas est étiologique. Dans le cadre des pseudolymphomes B idiopathiques, une antibiothérapie d'épreuve peut être mise en place (doxycycline ou amoxicilline, actifs sur les Borrelia ). Même en cas de doute (soit 10 % des cas), il ne faut pas avoir d'attitude thérapeutique agressive d'emblée car, le plus souvent, on hésite avec des lymphomes de bas grade et de bon pronostic qui n'imposent pas de recourir de façon urgente à la chimiothérapie et laissent le temps de poser un diagnostic de certitude après concertation », conclut le Dr Grange.
D'après un entretien avec le Dr Florent Grange, centre hospitalier de Colmar, et une session avec les Drs J Wechsler ( Créteil) et E Estève (Orléans).
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