PRATIQUE
1. Traitement cutanéo-muqueux
Le traitement sera double, symptomatique et étiologique. Le traitement symptomatique vise à supprimer les irritants. La toilette doit s'effectuer à l'aide de pains sans savon, si possible de produits acides dilués sur la peau grasse, de pains surgras sur la peau sèche ou bien d'émollients. Les bains de siège seront effectués avec du Permanganate de potassium dilué au 1/20 000. Localement, les applications de tampons ou de serviettes permettent d'obtenir une sécheresse sans irritation. Pour éviter l'irritation fécale, les selles devront être moulées et ne pas laisser de résidus, responsables dans 40 % des cas de ces phénomènes irritatifs. L'essuyage sera délicat avec un papier doux, non parfumé, non coloré, suivi d'une toilette à l'eau. Le nitrate d'argent à 0,50 % peut être utilisé contre les suintements (Hexomédine, Cutisan et Dermhydralin, pain au glycocolle, sont de bons antiprurigineux).
En phase aiguë irritative, faire une prescription de pâte à l'eau, gel de calamine, saindoux sans conservateur, cold-cream, produits à base de cuivre et de zinc.
Enfin, des règles hygiénodiététiques s'imposent : éviter le surmenage, le stress, les conflits, mais aussi les surcharges pondérales, les excitants (alcool, café, thé, épices, bière), exiger une hygiène alimentaire parfaite. Pour un certain nombre de patients, la crénothérapie dans les stations thermales de dermatologie peut être bénéfique. Cette conduite, en premier lieu, tend à supprimer les causes exogènes d'irritation, de surinfection, d'allergie ou d'aggravation.
Le traitement étiologique corrige la véritable cause une fois identifiée. L'éviction d'allergènes ou de produits toxiques, la suppression de vêtements inadaptés ne devraient poser aucun problème à condition de savoir être persuasif.
La prescription d'antibiotiques aidée par un antibiogramme permet d'éradiquer les causes infectieuses locales, régionales ou systémiques. Il en est de même en cas d'oxyurose, le traitement par flubendazole paraissant actuellement le plus efficace. Lorsque l'anus est la localisation d'une pathologie dermatologique, le traitement consiste à prendre en charge cette affection. Le plus délicat en réalité est d'avoir pensé à rechercher une atteinte anale ou décours d'une affection cutanée à distance, chez un atopique, un psoriasique ou un malade atteint d'une autre dermatose.
2. Atteinte proctologique
La prise en charge des hémorroïdes dépend de leur stade évolutif. Il faut obtenir avant tout une régularisation du transit avec des selles fermes, pas trop molles, pour éviter les dépôts irritants, pas trop dures pour ne pas prolaber les ectasies veineuses. Hygiène et soins locaux adaptés sont fondamentaux (le bidet, qui à tendance à disparaître, jouait ici un rôle majeur). Les phlébotoniques, à très forte dose, ont un intérêt certain dans les poussées hémorroïdaires aiguës. Il faut traiter le facteur mécanique en induisant une fibrose cicatricielle par injections sclérosantes, photocoagulation infrarouge, cryothérapie, ligatures bien ciblées. Sinon la chirurgie sera bénéfique à condition de ne pas trop attendre.
Les autres causes proctologiques seront individualisées et traitées en fonction de leur nature : excision chirurgicale radiaire en présence d'un abcès anal ; excision au bistouri simple d'une thrombose hémorroïdaire hyperalgique, à condition que ne soit pas déjà installé un volumineux œdème ni une nécrose ; traitement médical de la fissure anale par crème à la trinitrine* à 2 % diluée au dixième ou injection de toxines botuliniques ; sinon sphinctérotomie chirurgicale.
Egalement : prise en charge psychologique des différentes névralgies psychosomatiques, cure chirurgicale des prolapsus quel que soit leur niveau, correction adaptée des pathologies internes recto-sphinctériennes et, enfin, traitement des causes régionales ou générales qui peuvent avoir une implication sur la région anale et être à l'origine du prurit.
Ces traitements seront complétés par certaines interdictions : éviter les crèmes, les gels, les pommades, les topiques médicamenteux très irritants ; ne pas galvauder l'utilisation des corticoïdes locaux ; restreindre l'utilisation de pommades antihémorroïdaires ; ne pas faire de sclérose locale avant d'avoir éliminé formellement un cancer ano-rectal ou une pathologie digestive sus-jacente, comme la maladie de Crohn et la rectocolite ulcéro-hémorragique.
* Prescription hors AMM.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature