C'EST UNE SAISINE de Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé, qui a conduit le comité d'éthique à se pencher sur la question de la performance. En avril 1999, il interrogeait le comité sur « les questions éthiques soulevées par la diffusion de techniques médicales nouvelles qui ne rentrent pas dans le champ d'application de la loi de 1988 relative à la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales ». Le projet de greffe d'avant-bras des Hospices civils de Lyon et le développement des techniques de fécondation in vitro (insémination intracytoplasmique de spermatozoïdes - Icsi - et de formes plus immatures de spermatozoïdes) avaient conduit à soulever le problème en ces termes.
Vaste problème. D'autant plus vaste que le comité n'a pas voulu « se restreindre au seul domaine des performances médicales » et a élargi son étude à d'autres aspects du rapport entre quête de la performance et santé.
Car performance médicale et performance sportive ont en commun deux risques : l'instrumentalisation de l'humain pour des fins qui lui échappent et la méconnaissance du respect d'une autonomie humaine qui peut devenir plus virtuelle que réelle. Dans l'analyse du comité d'éthique, les conduites dopantes voisinent ainsi avec les allogreffes de tissus composites, l'Icsi, les performances sexuelles, la thérapie génique, le clonage thérapeutique - trois thèmes sur lesquels il a déjà formulé des avis -, et, d'une manière plus générale, la performance en chirurgie et en médecine « lorsqu'elle prend la forme de l'exploit ». Le comité souligne que la « réussite » n'est pas seulement d'ordre technique, mais « concerne la vie affective somatique et relationnelle d'une personne ».
Une « évaluation sérieuse » des conséquences médicales et sociales de ces pratiques s'impose. De même qu'une « prise de conscience lucide » des contraintes économiques et financières qui sont à l'origine « des excès actuellement tolérés dans le sport au nom du spectacle et dans la recherche au nom de la rentabilité », associée à « un abord critique du rapport entre économie et performance ». Enfin, disent les sages, il faut reconnaître les limites « qui sont celles de la condition humaine », même si ces limites ne peuvent pas être fixées a priori. « La question de l'autonomie d'une personne doit être sans cesse reposée », conclut le comité, qui espère « que d'une prise de conscience et d'une évaluation sérieuse naîtront dans ces domaines des attitudes de prudence et de responsabilité, et au besoin des règles de conduite. »
Deux avis du Comité consultatif national d'éthique
Prudence face au désir de performance
Publié le 03/03/2004
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> RENÉE CARTON
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7491
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