Plus d'un million d'arthroplasties de hanche sont pratiquées chaque année dans le monde. Cette intervention, qui améliore la mobilité et réduit la douleur, existe depuis plus de trente ans et a fait preuve d'un très bon rapport bénéfice/risque.
Pour évaluer l'impact de cette intervention sur le devenir des patients, la Suède a crée un registre qui depuis près de 25 ans, a colligé plus de 200 000 poses de prothèse totale de hanche. Sur 10 ans, le taux de remplacement d'un implant scellé par du ciment, imposé la plupart du temps pour des raisons septiques, est d'environ 5 %, mais trois fois supérieur chez les patients jeunes avec un implant non cimenté.
Selon S. Lohmander l'amélioration des signes fonctionnels devrait être un critère de réussite au moins aussi important que la durée de vie de l'implant. La prise en compte de ce critère pondère en effet le taux de réussite de l'intervention, et la persistance de la douleur chez certains malade oblige à considérer l'intervention comme un échec. Il est donc souhaitable d'intégrer dans le suivi des interventions pour prothèse totale de hanche, la mesure de la qualité de vie du patient.
S.Lohmander a présenté une étude prospective cas-témoins portant sur 219 patients ayant subi la pose d'une prothèse totale de hanche. Après 3,6 ans après de suivi la qualité de vie, évaluée par le questionnaire SF-36, était identique chez les patients et chez les témoins, sauf en ce qui concernait les capacités fonctionnelles, inférieures chez les sujets opérés.
Trente et un pour cent des patients n'avaient bénéficié que de peu d'amélioration du score WOMAC : moins de 10 points sur 100 pour les items douleur et de capacité fonctionnelle, par rapport à la période préopératoire.
Différentes approches ont été utilisées afin d'identifier les non-répondeurs à l'intervention : un quart d'entre eux avaient un score fonctionnel WOMAC dans le plus faible quartile, 22 % ont eu une amélioration faible - de moins de 20 points - de ce score et 9 % des critères OARSI positifs pour un traitement de l'arthrose.
Il semble que l'importance de la douleur et l'âge avancé soient aussi prédictifs d'un mauvais résultat thérapeutique sur le plan fonctionnel et constituent de meilleurs critères que les images radiologiques.
Interroger les patients sur leurs attentes avant l'opération et sur la satisfaction qu'ils en ont obtenu permettrait sans doute de mieux comprendre les disparités d'évolution lors de la pose d'une prothèse totale de hanche et d'identifier plus précisément ceux qui en tireront un réel bénéfice. L'amélioration des techniques chirurgicales est certes indispensable mais préciser tous les autres facteurs, insuffisamment explorés jusqu'à présent permettrait d'augmenter le taux de réussite. Les besoins, croissants avec le vieillissement de la population, imposent une rationalisation de ce type d'intervention.
D'après une communication du Pr. Stefan Lohmander (Lund, Suède)
Prothèse de hanche : des disparités importantes suivant les pays
Dans les pays de l'Union Européenne, le taux de remplacement d'une prothèse totale de hanche varie de 50 à 130 par an pour 100 000 habitants. Les chiffres les plus importants s'observent dans les pays scandinaves, les plus faibles au Royaume-Uni et au Portugal. La France se situe dans la moyenne haute. Ces disparités sont dues, au moins partiellement, à une prévalence différente de l'arthrose de hanche mais, plus encore, à des facteurs socio-économiques qui peuvent réduire l'accès au soins. Il faut aussi compter avec les facteurs démographiques et les réticences des patients et des chirurgiens.
Les patients retardent l'intervention car ils ont peur de la chirurgie ou se considèrent comme trop âgés. Les chirurgiens sont peu enclins à opérer des personnes de moins de 55 ans et de plus de 80 ans, ou celles qui ont une arthrose sévère et/ou une obésité et les patients vivant en maison de retraite. Ils sont plus réticents à l'opération que les médecins généralistes et les rhumatologues.
Pourtant la prothèse de hanche « apporte de la vie aux années » et mérite d'être envisagée lorsque les patients souffrent et sont handicapés par leur arthrose. Néanmoins, il faut trouver des critères fiables pour définir les indications de pose de prothèse totale de hanche et choisir l'implant adapté au patient. Enfin, le patient est le meilleur juge de la réussite de l'intervention.
Dr M.F.
D'après la communication de Klaus Guenther, (Ulm, Allemagne)
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