Avec une expérience de près d'une quarantaine d'années, les chirurgiens orthopédistes connaissent les difficultés de la prothèse du genou par rapport à la prothèse de la hanche : risque infectieux, risque de complications cutanées. Le terrain diabétique ne peut que rendre ces risques plus redoutables. Cependant, les études précédemment publiées sur la prothèse du genou dans la population diabétique aboutissent à des conclusions qui ne sont pas décisives.
Une étude présentée à l'AAOS par le centre hospitalier St. Francis de Moresville dans l'Indiana a le mérite d'être méticuleusement documentée. Elle est effectuée à partir d'une série de 5 220 interventions de prothèse du genou entre 1987 et 1999, dont 329 avaient été réalisées chez 291 patients diabétiques. On s'y retrouve dans une prévalence conforme à la norme nationale (6 %). Un tout petit peu plus d'un tiers de ces patients étaient insulinodépendants.
Ciment imprégné d'antibiotiques
Le groupe de référence était constitué par les patients opérés dans des conditions identiques mais non diabétiques. La quasi-totalité des patients ont eu droit à une prothèse totale cimentée, dont le ciment avait été mélangé à des antibiotiques (à l'exception des terrains allergiques à ces antibiotiques).
La totalité des complications fut recensée : mobilisation sous anesthésie en raison d'une insuffisance de mobilité, infection urinaire, accident vasculaire cérébral, infection profonde (quels qu'en soient l'étiologie et le calendrier de survenue), neuropathie (sensitive ou déficitaire), désunion cutanée de la plaie opératoire, phlébite, etc.
Toutes choses égales par ailleurs, les opérés diabétiques sont davantage soulagés de leurs douleurs et ont de meilleurs scores fonctionnels postopératoires, que ceux du groupe non diabétique.
Meilleur soulagement, mais plus de descellements
Apparemment, grâce à l'usage quasi systématique de l'imprégnation antibiotique (céfuroxime) du ciment, le taux déploré d'infections n'a été que modérément accru dans le groupe diabétique (1,2 % contre 0,7 %).
En revanche, le taux de descellements mécaniques (non infectieux) de la prothèse a été plus élevé dans le groupe des diabétiques ; pour l'expliquer, on n'a que des hypothèses : contraintes plus importantes sur la prothèse dans ce groupe plus volontiers obèse, proprioception amoindrie sur ce terrain, antécédents possibles d'arthro-neuropathie de Charcot. D'autres complications, qui peuvent être prévenues, ont également été observées, mais sans accroissement significatif par rapport au groupe témoin : infection urinaire concomitante, déficit neuropathique postopératoire.
Au total, la prothèse du genou chez le diabétique peut constituer une excellente alternative thérapeutique dès lors qu'on est conscient des risques courus.
D'après une communication du Dr John Meding et coll. (Moresville, Indiana) lors du 70e congrès de l'American Academy of Orthopaedic Surgeons (AAOS)
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature