CONGRES HEBDO
Les nouvelles données concernant le génome humain ont permis la découverte des différents gènes. Ces gènes vont permettre l'expression des ARN (transcriptôme), mais aussi des différentes protéines. Le protéome désigne l'ensemble de ces protéines exprimées par le génome d'une cellule, d'un tissu ou d'un organe à un moment donné.
L'étude globale de l'expression des protéines et de leurs modifications est possible grâce à l'analyse protéomique.
Le génome est constitué par l'ensemble des ADN présents dans une cellule. C'est le support massif de l'information, il est commun à toutes les cellules de l'individu et est stable dans le temps.
Le protéome est constitué par l'ensemble des protéines d'une cellule, c'est un principe actif doué de fonction, il est variable dans le temps et selon les besoins ; il est spécifique de chaque cellule.
L'étude du protéome a un intérêt en pathologie gynécologique et mammaire.
Un organe produit des protéines pour assurer sa fonction : la glande mammaire chez la femme enceinte produit des protéines du lait pour la lactation ; en dehors de la grossesse, il n'y a pas de production de protéines donc pas de lactation, mais certains cancers du sein vont produire des protéines du lait en dehors de cette lactation.
On peut ainsi analyser du sérum, du plasma, des urines, du liquide pleural, des tissus ou des cellules microdisséquées au laser et ce grâce à des techniques utilisant soit l'électrophorèse bidimensionnelle, soit le système SELDI-TOF couplant chromatographie et spectrométrie de masse. Peu de matériel est nécessaire pour la pratique de cette dernière technique qui est d'une bonne sensibilité et reproductibilité.
Une valeur prédictive
L'intérêt de cette recherche est d'identifier dans le produit analysé les protéines anormalement présentes ou absentes. Ces études vont permettre la mise au point de nouveaux moyens diagnostics, pronostics et prédictifs ainsi que l'élaboration de thérapeutiques plus ciblées.
L'appréciation de l'évolution d'un cancer dépend, à l'heure actuelle, de facteurs cliniques (âge de la patiente, stade d'extension, vitesse d'évolution tumorale) et histologiques (taille de la tumeur, atteinte ganglionnaire, grade, degré de différenciation cellulaire).
Ces critères se révèlent parfois inaptes à cette appréciation : certaines tumeurs dont le pronostic était favorable ont parfois une évolution péjorative alors que, à l'inverse, certaines patientes que l'on croyait condamnées ont eu une évolution meilleure que prévue.
La mauvaise évaluation de l'agressivité tumorale peut souvent conduire à la prescription de thérapeutiques inadaptées.
Des protéines en plus ou moins
Une étude de PETRICOIN (« The Lancet » 2002) a montré l'intérêt de la protéomique dans le diagnostic du cancer de l'ovaire par l'étude de quatre protéines. La valeur prédictive de leur présence pour affirmer la présence de ce cancer est de 94 % (le dosage du Ca 125 a une valeur prédictive inférieure à 10 %).
L'équipe de Li a récemment individualisé la disparition d'une protéine (BC1) et l'apparition de deux protéines (BC2 et BC3) en cas de cancer du sein. Le Ca 15.3 est un mauvais marqueur pour le diagnostic précoce, il n'est intéressant que dans le suivi du traitement.
Les protéines signant le cancer vont diminuer et disparaître après le traitement. Ces dosages permettent donc d'apprécier l'effet de la thérapeutique sur les lésions et d'éviter tout acharnement.
De nombreuses études sont en cours dans le monde, elles concernent les cancers ovariens, ORL, pulmonaires, hépatiques, du côlon, de la prostate, du sein, etc.
Les résultats préliminaires sont encourageants.
Pourra-t-on, dans un avenir proche, demander une étude protéomique des femmes à risque avant la prescription d'un traitement hormonal substitutif comme l'on prescrit actuellement une mammographie ?
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