QUATRE MILLE HUIT CENTS, c’est le nombre de décès par an à la suite d’un accouchement en France. Si la France a réalisé de nombreux progrès dans la prévention de la mortalité périnatale, elle n’en demeure pas moins située dans le dernier quart du classement des pays européens. Les changements et les améliorations s’imposent donc dans différents domaines pour faire taire ces chiffres. Marie-Thérèse Hermange rappelle la nécessité de perfectionner l’organisation des soins en maternité, selon les besoins des nouveau-nés, d’encadrer davantage les jeunes mères en situation de précarité – 36 % des femmes peu ou pas suivies n’ont pas de couverture sociale, pour 4 % des bien suivies –, ainsi que celles qui ont un terrain favorable à la dépression – de 10 à 15 % des 750 000 femmes qui accouchent chaque année souffrent de dépression dans les trois mois qui suivent la naissance de leur bébé. Enfin, est-il nécessaire de le rappeler, le tabac, comme la consommation d’alcool et de drogue, est à risque pour le foetus.
La sénatrice de Paris souhaite mettre en place une culture de prévention avant qu’une crise, un danger, un risque ou une maltraitance ne se manifeste. Une politique appelée développementale et sociale qui interviendrait dans les trois temps de la naissance : attente, naissance et accueil. Mme Hermange souligne l’importance de la formation des professionnels de santé dans ce sens et énonce différentes propositions de réforme.
Première proposition : l’entretien systématique du 4e mois. Tout comme le font les Hauts-de-Seine, l’ensemble des départements devraient généraliser cet entretien, davantage psychologique que médical. Réalisé par une sage-femme et d’une durée moyenne de trois quarts d’heure, il a pour objectif de préparer avec les futurs parents les meilleures conditions possibles de la venue de l’enfant.
La sénatrice propose également de renforcer la collaboration entre les équipes de PMI et les structures hospitalières. Pour orienter les futures mères vers des lieux de naissance adaptés aux risques détectés, soutenir les femmes en difficulté sociale ou qui ont des pratiques addictives, assurer l’accès aux soins ou encore diriger les mères vers des dispositifs municipaux ou départementaux pour les accompagner. Enfin, la création ou le développement des salles de parentalité au sein des maternités semble essentiel pour soutenir les parents avant la survenue d’un risque éventuel, de même que le développement de consultations de tabacologie, d’addictologie et d’alcoologie.
Centres périnatals de proximité.
Au-delà des maisons de naissance, mentionnées dans le plan de périnatalité de Philippe Douste-Blazy, la sénatrice souhaite enrichir et développer le concept des hôpitaux « amis des bébés », label international développé par l’Unicef et largement développé en Suède où l’accueil est fondé sur l’écoute des parents et des enfants.
La création de centres périnatals de proximité ou de maisons des bébés et des parents dans chaque maternité serait un moyen d’offrir un espace d’échange et de dialogue pour les futures ou jeunes mamans. Il faudrait également créer de nouvelles unités mère-enfant, afin d’accueillir, entre autres, les grossesses adolescentes.
Dernier point abordé par la sénatrice, mais pas des moindres, l’accueil et l’accompagnement, temps de l’établissement d’une relation avec une ou plusieurs familles. Une étape importante pour les jeunes parents et enfants qui se retrouvent souvent démunis. «Un livret pour dire le premier cri, le premier regard, pour dire d’abord l’amour à son enfant, devrait être donné systématiquement à toutes les jeunes mères, ainsi qu’un autre expliquant les étapes de l’enfant», estime M.-T. Hermange. Non moins important, le développement de réseaux de soins et de soutien à domicile, qui ne se limiterait pas aux femmes qui ont eu une césarienne ou aux mères de jumeaux, comme à l’heure actuelle. «Aux Pays-Bas, pendant trente jours, toutes les femmes qui accouchent ont droit à un soutien à domicile pour assurer la continuité des soins et prévenir un certain nombre de problèmes. Les PMI doivent organiser des services de consultation postnatale, ainsi que des actions de prévention médico-sociale à domicile pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 6ans.»
Enfin, la sénatrice évoque l’idée d’encourager le développement de relais-accueil de la petite enfance au sein de « crèches préventives ».
La réforme bientôt présentée
Philippe Bas a salué la contribution de Mme Hermange, dont les constats et les propositions «confirment les grands axes envisagés pour la réforme»de la protection de l’enfance qu’il doit annoncer d’ici à la fin du mois, indique un communiqué du ministère. Le ministre de la Famille souligne notamment l’intérêt des centres périnatals de proximité. Il relève que le rapport insiste sur la nécessité d’une bonne articulation entre les maternités et les services PMI pour favoriser un suivi continu des femmes en difficulté sociale et psychologique avant et après l’accouchement : «Au sein des maternités, le développement de staffs de parentalité pourrait ainsi être envisagé.»
Parmi les autres propositions qui présentent un intérêt certain selon le ministère : le développement des unités mère-enfant, la création de réseaux de suivi de soins et de soutien à domicile ou la création d’unités de soins mobiles parents-bébés.
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