« Esodo », de Pippo Delbono

Propositions contrastées

Publié le 29/11/2005
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Certains SPECTACLES de Pippo Delbono peuvent offrir à ses détracteurs de bons arguments. Ainsi a pu sembler « Esodo » qui signifie « Exode ». Une proposition qui date de l'an 2000, nous dit-il, puisque Pippo Delbono est présent tout au long de la représentation, micro en mains. Il circule dans la grande salle du Rond-Point et s'adresse au public, en français, racontant, expliquant, commentant.
Le thème de cette pièce est ambitieux : il tente de cerner le destin de ceux que la vie jette sur les routes, ceux qui n'ont d'autre choix que de quitter leur terre pour aller vers des horizons qui sont souvent de cruels leurres. C'est le thème du spectacle d'Ariane Mnouchkine « le Dernier Caravansérail ». Quand la fondatrice du théâtre du Soleil cherche des mois durant, Pippo Delbono, lui, va au plus vite. Et, ne le cachons pas, il est le premier à le savoir, il y a quelque chose de bâclé dans « Esodo ». Pippo Delbono juxtapose des images contrastées dans un décor de ville dévastée, maisons en ruines, couleur terre ou sable. Sa troupe suit. Fragments incongrus de music-hall, déplorations, désolation du monde. C'est du spectacle. Tout en effets et émotions. Citations de Brecht à Pasolini. Compassion. Dans les décombres, c'est la vie et la fraternité qui réconcilient avec le monde.
« Esodo » ne possède pas la force de certaines autres propositions de Pippo Delbono. Mais c'est un spectacle parmi d'autres, dans le cours d'un festival Pippo Delbono présenté au théâtre du Rond-Point où Jean-Michel Ribes a choisi de l'accueillir au long cours.
« Enrico V » d'après Shakespeare, que l'on a déjà vu, est d'une forme assez intéressante avec trois interprètes, Pepe Robledo, Gustavo Giocosa, Pippo Delbono lui-même et un chœur réuni sur place, au Rond-Point, lors des « Conversations » qui ont lieu à 18 h 30. Le roi Henri exhorte ses troupes à combattre les Français. Gestes, images, musique, danse. Du bruit et de la fureur. Une proposition originale.
« Urlo » (Cri) est aussi un spectacle que l'on a déjà vu en France et qui est très intéressant. Il réunit toute la troupe dans une scénographie de Philippe Marioge. Comme le dit Pippo Delbono lui-même « porté par les mélodies sacrées et profanes d'une fanfare et la voix de Giovanna Marini, appuyé par la présence d'Umberto Orsini, "Urlo" est un cri de colère jeté à la face des puissants, un cri d'amour lancé à tous les vents ». Et il est vrai que la voix de Giovanna Marini apporte un supplément déchirant à la représentation...

Théâtre du Rond-Point, jusqu'au 8 décembre « Gente di plastica » et les 10 et 11 décembre « Enrico V ». Du 13 au 24 décembre « Urlo » (Cri). Jusqu'au 8 décembre à 18 h 30 « Conversation avec Pippo Delbono, en chemin vers Enrico V ». Les 2, 9, 17 décembre, projection du film « Guerra » au cinéma Le Balzac. Tous renseignements et réservations au 0892.701.603 ou www.theatredurondpoint.fr.
Et du 14 au 17 décembre, à ne pas rater, la nouvelle cantate de Giovanna Marini « la Tour de Babel » avec Patrizia Bovi, Francesca Breschi, Patrizia Nasini et Giovanna Marini.

> A. H.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7853