REBOND
Simulies et onchocercose
Il ne faut pas confondre larves infestantes, microfilaires et filaires. Ces définitions sont importantes à connaître pour bien comprendre la physiopathologie de l'onchocercose. La larve infestante est la forme parasitaire transmise à l'homme par le vecteur, ici la simulie. Cette larve infestante, chez l'homme, se transforme en ver adulte ou filaire. Après maturation sexuelle, les filaires s'accouplent et les femelles émettent des embryons ou microfilaires. Les simulies, lors d'une piqûre, absorbent les microfilaires qui se transforment en larves infestantes et le cycle est bouclé. Il est donc inexact de dire que « la transmission des microfilaires se fait lors de la piqûre par des insectes contaminés ». Les microfilaires sont incapables d'évoluer chez l'homme en filaires, à la différence des larves infestantes. Les filaires se localisent dans le tissu cellulaire sous-cutané, soit libres, soit enchevêtrées sous forme de nodules. Ce ne sont pas les filaires qui se localisent dans l'il comme cela est dit dans l'article, mais les microfilaires. Elles peuvent d'ailleurs être observées dans la cornée ou la chambre antérieure de l'il lors d'un examen à la lampe à fente.
Enfin, concernant « la maladie qui se déclare en un à trois ans », je crois qu'il faut préciser que si l'atteinte oculaire n'apparaît, en moyenne, qu'après dix à quinze ans d'évolution, les manifestations cutanées (non citées dans l'article), avec au premier plan le prurit (« gale filarienne »), permettent de porter un diagnostic précoce, notamment chez les Européens ayant séjourné en zone d'endémie.
Il est important, à propos de la maladie du sommeil, d'insister sur le fait que, en avril 2001, l'Institut de veille sanitaire a rapporté huit cas de trypanosomiase africaine chez des touristes ayant séjourné en Afrique de l'Est, dans la zone des grands parcs animaliers de Tanzanie. Ces cas groupés ont justifié une alerte épidémiologique. Parmi les symptômes évocateurs à rechercher chez les patients ayant séjourné dans cette région étaient cités : fièvre, CIVD, insuffisance rénale, ictère, acidose, défaillance multiviscérale.
A noter que les notions de piqûre et/ou de chancre d'inoculation étaient fréquemment rapportées. Cette maladie, constamment mortelle en l'absence de traitement, se diagnostique, selon le stade évolutif, par la mise en évidence des trypanosomes dans le sang, les ganglions ou le LCR.
Le traitement (suramine, mélarprosol ou pentamidine) n'est délivré qu'en milieu hospitalier. La prévention repose sur la prévention des piqûres par le port de vêtements clairs (le bleu attire les mouches tsé-tsé), et l'utilisation de répulsifs (peau, vêtements).
Concernant les myases, l'auteur a choisi de ne parler que des myases exotiques : ver de Cayor, ver macaque. Bien qu'il soit dit dans l'introduction de l'article que, sous nos climats, les mouches sont inoffensives, je crois nécessaire d'ajouter quelques mots d'une pathologie, certes, rare mais présente en France : l'hypodermose.
L'hypodermose, bien connue des éleveurs et des vétérinaires, car essentiellement animale, est occasionnée par deux espèces de mouches : Hypodermabovis et Hypodermalineatum, parasites du buf. En été, les femelles collent leurs ufs sur les poils des animaux. Les larves pénètrent la peau ou sont ingérées lorsque l'animal se lèche. Après une migration complexe dans l'organisme du buf, de plusieurs semaines, les larves se localisent dans le tissu sous-cutané où elles forment des nodules, puis elles perforent la peau, se laissent tomber sur le sol et se transforment en adultes. Chaque année, environ une demi-douzaine de cas d'hypodermose humaine sont déclarés. Il s'agit le plus souvent d'enfants, qui, au contact du bétail, ingèrent accidentellement le parasite. La symptomatologie, retardée, apparaît en automne. Les symptômes les plus fréquents sont l'apparition brutale d'dèmes pseudo-tumoraux, mobiles, fugaces, localisés préférentiellement au niveau du tronc et de la tête (les larves ont un géotropisme négatif). A noter le risque gravissime de localisation oculaire. Le diagnostic, difficile en dehors de la mise en évidence de la larve, repose sur la découverte d'une hyperéosinophilie majeure associée à la positivité de la sérologie.
e-mail : andre.paugam@cch.ap-hop-paris.fr
Cette lettre a été soumise au Dr Agnès Brion qui n'a pas souhaité ajouter de commentaires.
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