Les premières recommandations officielles sur la prophylaxie antirétrovirale chez le personnel de santé exposé au VIH avaient été publiées en 1995. Trois ans plus tard, elles ont été étendues aux expositions non professionnelles (rapports sexuels, partage de matériel d'injection chez les usagers de drogues...).
L'évaluation du risque de transmission se fonde à la fois sur l'importance de l'exposition et sur le statut sérologique de la personne source. La prise en charge thérapeutique des personnes exposées au VIH, de façon professionnelle ou non, a fait l'objet d'une évaluation nationale depuis juillet 1999, coordonnée par l'Institut de Veille Sanitaire (InVS). Cette étude visait à décrire les caractéristiques socio-démographiques des personnes qui viennent consulter après une exposition au VIH, d'analyser le type de prophylaxie et d'en estimer la toxicité ainsi que l'efficacité par un suivi sérologique.
Une centaine d'hôpitaux a participé à cette évaluation en s'engageant, depuis mai 2001, à transmettre à l'InVS toutes les informations sur les suivis thérapeutiques et sérologiques.
De juillet 1999 à décembre 2001, 8 736 expositions au contact d'une souche de statut VIH positif ou inconnu ont été déclarées : 38,7 % ont été recensées parmi des expositions professionnelles chez le personnel de santé, 46,3 % sont des expositions sexuelles.
71 % des personnes venant consulter à la suite d'une exposition professionnelle sont des femmes. On pense immédiatement aux infirmières, en contact fréquent avec les aiguilles des seringues. L'âge moyen des professionnels de santé exposés est de 35 ans. Le délai entre l'exposition et la consultation est de 2 heures, variable en fonction de l'importance de l'exposition (il est plus long lorsque les expositions sont minimes), mais pas en fonction du statut sérologique du patient source. La majorité des expositions déclarées sont minimes ; seulement 14 % d'entre elles sont d'importance élevée. 26 % des « personnes sources » sont séropositives.
Les expositions sexuelles concernent cette fois 62 % d'hommes, dont l'âge moyen est de 29 ans. Le délai médian de consultation s'élève à 17 heures, variant de façon significative selon le type de partenaire (il diminue si le partenaire est régulier), mais pas avec le statut sérologique de ce partenaire ni avec l'importance de l'exposition.
Les expositions dites « autres » concernent les policiers, les femmes de ménage, les éboueurs... et touchent 72 % d'hommes. Le statut sérologique de la source est, comme on peut l'imaginer, le plus souvent inconnu.
Une prophylaxie dans 58 % des cas
Une prophylaxie a été prescrite dans 58 % des expositions déclarées. Le pourcentage de personnes exposées mises sous prophylaxie dépend beaucoup du type d'exposition. 82 % d'entre elles ont été touchées après partage de matériel d'injection et après exposition sexuelle, 46 % après une exposition « autre » et l'exposition professionnelle au sein du personnel de santé vient en dernière ligne, avec 33 %.
Le pourcentage varie aussi en fonction de l'importance de l'exposition et du statut sérologique, mais de façon différente selon le type d'exposition.
Depuis 1999, les bithérapies sont de plus en plus délaissées au profit des trithérapies avec nelfinavir, mais également des trithérapies associant trois inhibiteurs nucléosidiques ou encore des quadrithérapies.
Selon la demande
Les expositions sexuelles se répartissent à peu près pour moitié en accidents de prévention (rupture ou glissement du préservatif) et pour autre moitié en prises de risque (non-utilisation du préservatif). Les délais de consultation sont trop longs pour prétendre à une efficacité maximale des antirétroviraux. Preuve que l'information doit être renforcée.
On a également constaté qu'une place trop importante a été laissée à la demande spontanée des personnes exposées. Cette demande chez les professionnels de santé, sûrement à cause de leur sensibilisation aux effets indésirables des médicaments. Ainsi, à exposition comparable, ils seraient moins souvent soignés que les non-professionnels de santé.
Les données ont été recueillies grâce à la bonne volonté des hôpitaux participants. Cependant, la multiplicité des intervenants ainsi que les nombreux « perdus de vue » après une prescription de prophylaxie ne facilite pas le suivi des données.
Des conséquences en termes d'information du public sont donc à tirer de cette enquête.
N° 36/2002, 3 septembre.
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