BIEN QUE l'utilisation du monoxyde d'azote (NO) chez les patients souffrant d'insuffisance respiratoire aiguë ou d'un syndrome de détresse respiratoire aiguë (Sdra) améliore les fonctions respiratoires pendant les premières 24 heures, cette technique ne modifie ni le pronostic clinique ni les paramètres physiologiques respiratoires à moyen terme. L'inhalation de ce gaz majore en outre le risque de dysfonction rénale, chez des patients dont le pronostic est souvent lié à une défaillance multi-organique ; c'est pourquoi l'équipe du Dr Neil Adhikari (Toronto) ne recommande pas «l'utilisation du monoxyde d'azote en réanimation chez les patients souffrant de défaillance respiratoire».
L'histoire de l'utilisation du gaz à effet vasodilatateur et anti-inflammatoire pulmonaire spécifique a commencé dans les années 1990 par des études physiopathologiques sur les mécanismes de l'insuffisance respiratoire. En comprenant mieux les différentes composantes vasculaires et inflammatoires de cette pathologie, des réanimateurs ont eu l'idée d'adjoindre au traitement habituel ou d'utiliser de façon exclusive une inhalation de monoxyde d'azote. Un gaz dont les propriétés sur l'arbre respiratoire avaient déjà été étudiées. Bien que les données initiales aient été assez limitées – et vraisemblablement en l'absence d'autre technique efficace – près de 63 % des services de soins intensifs en Europe avaient choisi d'utiliser ce gaz pour certains de leurs patients souffrant de Srda dès 1997.
En 2003, une première métaanalyse de 5 études contrôlées et randomisées n'avait pas permis de détecter un bénéfice sur la mortalité ou sur le nombre de jours d'intubation. Mais en raison de l'absence de puissance de cette analyse, en rapport avec le faible nombre de patients inclus, cette technique est restée populaire auprès de certains réanimateurs. En 2003 au Canada, par exemple, près de 40 % des services de réanimation y avaient encore recours.
La métaanalyse publiée par le « BMJ » va plus loin encore que celle de 2003. En analysant les données de 12 études incluant un total de 1 237 patients, le Dr Adhikari conclut que l'utilisation du NO ne modifie pas la mortalité hospitalière, la durée de ventilation artificielle ou le nombre de jours passés en soins intensifs.
En revanche, durant les 48 premières heures, il existe une amélioration des paramètres de ventilation (augmentation du rapport PaO2/FiO2).
Enfin, les auteurs soulignent que l'utilisation du gaz inhalé majore le risque d'insuffisance rénale chez des patients dont le pronostic dépend essentiellement de l'éventuelle survenue d'une défaillance multi-organique.
« British Medical Journal », édition avancée en ligne.
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