Inch Allah ! On serait presque tenté de s’en remettre au ciel en écoutant les récentes déclarations de la ministre de la Santé. Car qu’y a-t-il de neuf dans ses annonces de ces dernières semaines ? Pas grand-chose en vérité qu’on ne savait déjà. En lançant il y a quinze jours que le C à 23 euros était à portée de négociation, Roselyne Bachelot n’a fait que rappeler que le deal qu’elle avait proposé aux médecins -revalorisation des honoraires contre régulation des effectifs- tenait toujours. De même, en fixant la semaine passée, la généralisation du Dossier Médical Personnel à l’horizon 2010, la ministre a-t-elle confirmé une échéance déjà posée depuis quelques mois. Pauvre DMP, à l’origine programmé pour 2007... Et infortunés généralistes, qui attendent encore un C à 23 euros qu’on leur avait promis pour l’été 2008...
Sur ces deux sujets, patients et médecins traitants en ont tellement entendu que tout nouvel engagement public est au mieux perçu comme une plaisanterie. C’est vrai, Roselyne Bachelot n’est pas pour grand-chose dans les promesses imprudentes de ses prédécesseurs sur le DMP. Et pour le reste, c’est un fait qu’elle ne manque jamais de rappeler : à l’été 2007, elle s’est débrouillée pour faire passer le C à 22 euros, alors même que l’alerte avait été déclenchée sur les comptes de la Sécu. Il n’empêche. Elle doit maintenant donner aux assurés et aux praticiens des assurances que l’on peut changer la santé autrement que par des incantations.
Aux premiers, il va falloir rapidement montrer que le DMP n’est ni une usine à gaz, ni le Big Brother que d’aucuns redoutent pour la santé. Sur le terrain, les expérimentations doivent donc, très vite, se révéler concluantes sur ces deux points. Aux seconds, elle doit tout simplement redonner confiance. Mais ce n’est pas une mince affaire. La ministre appelle de ses voeux un accord entre caisses et médecins. C’est bien, mais ça ne suffit pas. Pour débloquer le conflit tarifaire, elle doit exiger que les négociations se tiennent ici et maintenant A défaut, les généralistes vont s’impatienter. Notre sondage montre qu’excédés par les lenteurs des pourparlers et enhardis par la Justice, un quart de la profession est en train de passer le Rubicon. Au-delà, c’est la crédibilité de la réforme HPST qui est en jeu. Pour la première fois, s’y trouvent énumérées les missions du médecin généraliste. Fort bien. Mais les moyens seront-ils à la hauteur de l’enjeu ?
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