Il était temps… Jusqu’à ce que la Mutualité s’en mêle, on n’avait pas beaucoup entendu parler de parcours de soins dans cette campagne. Le sujet a été laissé de côté par la plupart des candidats, sans doute parce qu’il y a plus urgent et plus préoccupant, pour les soignants comme pour les patients ; et fort logiquement, la question des déserts médicaux ou celle des dépassements d’honoraires ont occupé l’essentiel des plateformes santé. Si le dispositif du médecin traitant ne fait plus débat, c’est d’ailleurs plutôt bon signe. Il faut y voir la preuve que, depuis sa création en 2005, il s’est parfaitement intégré dans le paysage ambulatoire. Au point que plus grand monde ne conteste cette incitation à passer par le médecin généraliste. En sept ans, la France s’est ainsi accoutumée à des règles en vigueur chez la plupart de ses voisins. Qui pourrait s’en plaindre ? D’autant que, depuis le CAPI et désormais le P4P, le dispositif a malgré tout acquis un contenu médical qui lui faisait au départ cruellement défaut.
Reste quelques chaînons manquants pour que le parcours de soins puisse véritablement jouer son rôle de colonne vertébrale du système de santé. Disons d’abord que pour les petits malins le contourner reste un jeu d’enfant. Ajoutons ensuite que les moins de 16 ans en sont de facto exclus. Et puis, à la différence de la plupart de ses homologues étrangers, le généraliste Français n’a pas toujours son mot à dire quand il s’agit de l’hospitalisation de son patient. Enfin, surtout, on peut regretter que le parcours de soins à la française ne se définisse que par son versant répressif : le patient est puni (et de plus en plus ces dernières années !) s’il pratique le hors-piste, mais jamais récompensé s’il est dans les clous.
Muscler le parcours de soins s’impose donc plus que jamais, pour gagner en qualité de prise en charge, en efficacité, et même - osons le gros mot - en productivité. Dans la plateforme qu’elle a adressée aux candidats, la Mutualité suggère de ce point de vue de conditionner dispense d’avance de frais et exemption de franchise à l’intérieur du parcours de soins et de redonner la main aux professionnels du premier recours pour limiter l’accès direct à l’hôpital. Dans la même veine, elle propose aussi d’étendre le forfait de coordination pour soutenir l’exercice en pôles, maisons ou centres de santé. De bonnes idées évidemment que le prochain gouvernement serait bien inspiré de reprendre à son compte. La Mutualité quant à elle ne doit pas en rester à un rôle de laboratoire de l’innovation et accepter de s’engager sur le parcours de soins un peu plus qu’elle ne l’a fait sur le secteur optionnel…
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